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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 28 janvier [18]71, samedi matin, 8 h.

Comment as-tu passé la nuit, mon pauvre grand bien-aimé ? Sans sommeil, comme la mienne, trop probablement. Encore si tes jours étaient tranquilles, le mal serait moins grand. Mais le moyen d’être tranquille pendant l’horrible tourmente que nous traversons ? L’espèce d’accalmie qui se fait en ce moment est encore plus inquiétante peut-être que la tempête d’événéments qui est sur un autre horizon. Mon pauvre adoré, je te demande pardon d’insister sur le malheur de notre situation que tu ressens encore plus que moi et que personne au monde. Mon devoir serait de tâcher de te le dissimuler, si c’était possible, et d’y faire une consolante diversion en te parlant du puissant et prodigieux talent de tes deux fils et de l’admirable et irrésistible article de ton Charles aujourd’hui. De tes adorables petits-enfants que j’aime autant que tu les aimes toi-même, au lieu de rabâcher sur toutes les tristes choses qui s’accomplissent fatalement depuis le commencement de cette inepte guerrea.
Je charge Mariette de te porter mon plus tendre bonjour et tous mes remerciements à Mme P. Meurice pour sa gracieuse bonté envers les pauvres Lanvin. Tâche de venir un peu de bonne heure ce soir. Je t’en fais la prière au nom de Petite Jeanne et de Petit Georges tout puissants auprès de toi et je t’aime, je t’aime, je t’aime dix cent mille.

MLVH Bièvres, 130-8-LAS-VH 43 a, b et c
Transcription de Gérard Pouchain et Florence Naugrette

a) « guère ».

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