Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Décembre > 31

31 décembre [1838], lundi après-midi, 1 h. ¼

Bonjour mon Toto, bonjour mon petit homme chéri. Je n’ai pas de rancune et je vous aime. Votre hideux relieur n’a pas envoyé les livres. Je vais y envoyer Suzette pour la dernière fois après quoi, je ne m’en occuperai plus, je renoncerai à mes prétentions d’étrennes et j’attendrai qu’il plaise à M. Boutigny de me rendre ces livres dans un temps quelconque. Quant à vous, mon petit homme, je ne suis pas embarrassée pour vous donner vos étrennes, vous y avez mis bon ordre. Moi je suis plus exigeante, je veux que vous me donniez les miennes, vous savez ce que je veux vous dire ? Je voudrais être à demain déjà pour les avoir et les baiser à mon aise. J’espère, mon Toto, que vous ne serez pas parcimonieux et que vous me les donnerez très abondantes et très longues. Vous me donnerez en une fois ce dont vous me privez toute l’année. Quant à Ruy Blas, si tu ne veux pas que nous y allions n’en parlons plus. Claire est assez raisonnable pour se conformer à cette nouvelle privation d’ailleurs elle est ma fille et bon sang ne peut mentir. Aussi mon Toto, je te le demanderai une dernière fois encore après quoi je n’en parlerai plus. Voici le blanchisseur, je n’ai pas d’argent pour le payer, j’espère qu’il me fera crédit jusqu’à l’année prochaine après quoi tout ira comme sur des roulettes. Je t’aime mon Victor.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 292-293
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain


31 décembre [1838], lundi soir, 5 h.

Je suis vraiment souffrante, mon adoré, et tu as eu raison d’avoir de l’indulgence et de la bonté pour moi. Je te sais aussi bon gré de n’avoir pas boudé ce soir mon pauvre petit souper, la seule joie que j’aie dans ce monde depuis longtemps. Je te remercie de ta charmante petite tasse et puis enfin je vous aime mon Toto. Je viens d’envoyer Suzette chez Mme Krafft avec un petit mot car demain il m’aurait été impossible de l’y faire aller. Je te prie mon amour de rapiner sur les bonbons de ces dames pour en apporter un peu à mes pauvres goistapious. Quant aux étrennes de Claire, nous les lui donnerons en argent. Elle en fera ce qu’elle voudra, voilà tout. Je suis d’ailleurs très contente d’être débarrassée de Mme Krafft, maintenant je respire. J’ai oublié de lui promettre un dessin pour Mme Pasquier. Du reste cela se trouvera quand cela pourra. L’important c’est que tu m’aimes malgré mes tristesses et mes méchancetés, c’est que tu ne me fasses pas de SCÈNES, c’est que tu tâches de me donner plus de toi dans l’année 1839 car je n’ai eu que 10 jours de voyage dans celle qui vient de s’écouler [1], ce qui n’est pas assez pour une pauvre Juju qui vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 294-295
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

Notes

[1Leur voyage estival s’est déroulé lu 18 au 28 août 1838.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne