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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 décembre [1838], lundi après-midi, 1 h. ¼

Je ne comprends pas bien, mon adoré, à quoi vous ont servi tous vos préparatifs de cette nuit, à moins que ce ne soit pour me faire une infidélité ? Je commence par m’inquiéter outre mesure de la conduite peu naturelle que vous tenez avec moi. Je dis peu naturelle parce que vous dites que vous m’aimez et que vous agissez tout autrement. Et puis mon cher petit bien-aimé si vous n’êtes pas coupable d’aucune trahison envers notre amour, je ne veux pas vous grogner plus longtemps. J’aime mieux vous sauter au coua et vous baiser de toutes mes forces en vous priant de venir reposer vos beaux yeux bien aimés dans mon lit. À propos de lit je suis encore dans le mien. Il est probable que j’y resterai toute la journée car je n’ai pas à sortir et je suis souffrante. La chose que tu sais continue à ne pas venir comme à l’ordinaire, ce qui contribue à me rendre malade. J’ai l’ouvrière de Jourdain à qui je fais mettre une pièce au lieu d’une reprise, ce qui sera plus solide et moins long. Je vais lui demander tout à l’heure ce qu’il y a à faire à celui de ma chambre dans les endroits faibles et cassés. Mon cher petit homme, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, après cela il n’y a plus rien à dire sinon que je te couvre de baisers en pensée et en désir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 244-245
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

a) « coup ».


17 décembre [1838], lundi soir, 5 h. ½

Depuis que tu m’as quittée, mon adoré, je me sens encore plus souffrante que ce matin. J’ai des douleurs de bas ventre et de reinsa si fortes que je ne sais comment me tenir. Depuis un moment ce que tu sais [1] est venu avec une certaine violence. J’espère que cela me soulagera mais pour le moment je souffre beaucoup. J’ai vu Lanvin ce soir, il venait savoir quel jour il fallait aller au Mont de piété. Sa femme est toujours dans le même état. Il m’a beaucoup remerciéeb en son nom, à elle, du lot que nous lui avons donné et il m’a prié de lui prêter Ruy Blas afin qu’elle puisse le lire dans son lit. Malheureusement je n’ai que mon unique exemplaire qui ne sortira de mes mains sous aucun prétexte. Si tu en as un chez toi pour le publier tu pourras le lui prêter pour un jour ou deux. Je souffre, mon Toto, et si ce n’était la joie de dîner avec toi ce soir je me dirais malade. Je vais faire tous mes efforts pour me mettre sur pieds dans le cas où tu viendras me chercher ce soir. J’ai bien peur de n’y pas réussir car je peux à peine me tenir assise. Jour Toto, jour mon petit o. Papa et bien i. Je le baise et je le caresse dans mon âme en attendant que je puisse le faire sur sa chère petite carcasse adorée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 246-247
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

a) « rhein ».
b) « remercié ».

Notes

[1Vraisemblablement les règles.

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