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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 décembre [1838], vendredi matin, 10 h. ¼

Je t’écris de mon lit, mon adoré. Depuis ce matin que je me suis levée pour habiller Claire afin d’être plus sûre qu’elle ne bavarderait pas avec la bonne et qu’il ne lui manquerait rien, depuis dis-je, je me suis recouchée sans pouvoir me rendormir. Cependant je sens que je n’ai pas eu mon compte de sommeil et je veux essayera de dormir encore si je puis et pour n’être pas en retard de tendresse et d’amour si tu viens me chercher tantôt. Je t’écris d’avance cette petite lettre matinale car il n’est pas encore dix heures bien que ma pendule marque 10 h. ½. J’ai déjeunéb et si tu viens je n’aurai qu’à sauter en bas de mon lit et à passer une robe, je serai prête.
J’ai donné les 10 F. à Lanvin qui a paru très content et qui nous a beaucoup remerciés, en même temps il m’a donné une petite modification pour la note que j’envoie à Mlle Hureau que je crois bonne et que je t’expliquerai quand je te verrai. N’oubliez pas mon amour que vous m’avez promis de souper avec moi ce soir et que je me passerais plutôt de manger pendant huit jours que de ne pas vous forcer à tenir votre promesse. D’ici là je vous désire et je vous aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 210-211
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

a) « esseyer ».
b) « déjeuner ».


7 décembre [1838], vendredi soir, 5 h. ¾

Je vous ai attendu, mon cher petit Toto, toute la journée inutilement, cependant nous sommes assez nécessiteux car je n’ai plus de bois et le temps menace de nous geler tout vifs si nous n’y prenons garde. Au reste cela vous regarde pourvu que vous veniez souper ce soir, demain encore et les autres jours. Je consens à souffler dans mes doigts et à faire la gymnastique de cocher de fiacre que vous connaissez. Soir papa. Papa est bien i. Je vais manger de la bonne soupe toute chaude pour me réchauffer. Après je vous attendrai avec toute la patience dont je suis pourvue [i pa lourd ?]. J’espère mon cher petit homme que vous n’irez pas au théâtre ce soir car enfin Lady Melvil [1] ne vous regarde pas et je n’aime pas que vous traîniez vos guêtres autour des coulisses. Si vous aviez du cœur vous me mèneriez faire quelques emplettes ce soir. Par exemple notre batterie de cuisine on n’a pas besoin de jour pour cela et ce serait autant de fait. Et puis je vous aime et je trouve toutes sortes de nécessités pour vous revoir le plus vite possible, malheureusement j’en suis pour mes frais car vous venez le moins tôt que vous pouvez.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 212-213
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

Notes

[1Lady Melvil ou le joaillier de Saint-James, comédie en trois actes, mêlée de chant, par MM. De Saint-Georges et de Leuven, musique de M. Albert Grisart Grisar, représentée pour la première fois sur le théâtre de la Renaissance (salle Ventadour), le 5 novembre 1838.

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