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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 janvier [1839], dimanche matin, 9 h. ¼

Bonjour, mon cher petit homme adoré, bonjour, mon Toto chéri. Pourquoi n’es-tu pas venu encore cette nuit, c’est-à-dire ce matin ? Est-ce que tu as encore passé la nuit entière sans te reposer ? Mais, mon cher adoré, tu te tueras, il n’y a pas de santé qui puisse y résister. Ce n’est pas avec des mots froids et insignifiants que je voudrais te le dire, mais en te montrant le fond de mon cœur qui est plein d’inquiétude et d’effroi et qui te suppliea au nom de sa tranquillité, de sa vie et de son bonheur, de ne pas passer tous tes jours et toutes tes nuits à travailler sans relâche. Nous pouvons d’ailleurs vendre quelque chose, au moins pendant le temps que tu auras à travailler pour toi. Nous l’avons déjà fait dans des moments urgents, mais jamais nous ne l’aurons mieux fait qu’à présent, mon adoré, car tu risques ta santé toutes les nuits. Pense à ce que je te dis là, mon adoré, c’est de l’amour le plus passionné et le plus tourmenté qui mérite que tu l’écoutes et que tu le rassures.
Je t’écris une grosse lettre tout de suite dans le cas où j’aurais le bonheur d’aller ce soir à Ruy Blas. Je veux que tu aies ta petite somme d’amour et de gribouillis sans en retenir une seule patte de mouche ni un seul baiser parce que je suis pauvre mais AMOUREUSE. Jour, mon petit o, jour, je t’adore. Je ne veux pas sous aucun prétexte que tu passes encore cette nuit à travailler et pour en être plus sûre, je veux que vous veniez coucher avec moi aussitôt que vous aurez reçu ma lettre. Si tu fais cela, mon adoré, je me mets à indiscrétion dans le COSTUME que tu voudras. Nous verrons si tu m’aimes et si tu fais cas de mes propositionsb.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 75-76
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « suplie ».
b) Paul Souchon lit « ma proposition ».

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