Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1873 > Avril > 21

Guernesey, 21 avril [18]73, lundi soir, 4 h.

J’avais perdu l’espoir de te voir, mon trop aimé et j’allais me mettre tristement au bain quand tu m’es apparu dans un tourbillon de torchon radieux qui m’a mise en gaîté, presque en ivresse, comme si cette télégraphie folle s’était traduite en moi en certitude de ta bonne nuit et en conviction de ton amour fidèle comme le mien. Je tiens trop à n’être pas désabusée sur ces deux points pour pousser bien loin mes investigations à ce sujet ; et d’abord j’ai déjà appris depuis tantôt que tu avais très peu et très mal dormi, ce qui me retire beaucoup de ma confiance dans ta pantomime extra joyeuse. Dorénavant j’attendrai pour me livrer cœur et âme à la gaîté et au bonheur d’être bien sûre de ne pas me tromper par trop de confiance dans les apparences extérieures.
Le temps si froid et si maussade aujourd’hui diminue beaucoup mes regrets d’avoir renoncé de moi-même, mais par force, à notre chère promenade en voiture. Je m’en venge en te gribouillant mes tendres bébêtises juste à l’heure où nous roulons d’habitude côte à côte, la main dans la main et les yeux dans les yeux.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 110
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne