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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 11 décembre 1857, vendredi, 2 h. ½ après-midi

Tu as bien fait de ne pas me gronder tout à l’heure, mon cher bien-aimé, car j’étais plus que suffisamment punie de ma maladresse par le regret que j’en éprouvais et que toute ta bonté n’a pas encore pu dissiper et malgré le parti que tu as su tirer de mon accident. Je crois que te voilà, je suis bien heureuse, je te finirai mon gribouillis plus tard.

5 h. ¼

Grâce à ton imagination et à ton talent mon malheur devient une chose heureuse pour ton cadre, mon bon petit homme, et loin de m’en vouloir, je me fais presque des félicitations à présent. Cependant comme tu pourrais ne pas avoir toujours d’aussi charmantes compensations à mes jocrisiades [1], je tâcherai de t’en priver à l’avenir. En attendant je t’aime sans BÊTISE et de toute mon âme et je voudrais passer ma vie à tes pieds comme un chien.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 224
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1Actions dignes de Jocrisse, valet de comédie niais et maladroit.

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