27 août 1857

Guernesey, 27 août 1857, jeudi [ 1 h.  ?] [après-midi  ?]

Je reconnais que j’ai été stupide dans mon badinage d’hier, mon cher adoré, le QUESNARD [1] étant donné, mais je reconnais également que tu es le plus doux, le meilleur et le plus indulgent des hommes et qu’aucune bonté humaine ne peut se comparer à la tienne. Cela ne m’empêche pas de regretter de t’avoir contrarié avec cette folle plaisanterie du NIVEAU D’EAU. Une autre fois je tournerai ma langue sept fois avant de rien hasarder dans ce genre avec le citoyen QUESNARD si digne de ce nom. Pardonne-moi pour cette fois encore et ne me prends pas trop en déplaisance si tu peux. La sœur de M^me Allez est venue me voir tout à l’heure et elle m’a chargée de toutes sortes de respectueuses admirations d’une foule de MISS aristocratiques de LONDON qui, sachant qu’elle aurait peut-être l’honneur de voir quelqu’un de ton entourage, lui avaient donné commission de faire arriver leur enthousiasme jusqu’à tes pieds. Elle repart mercredi. J’ai payé Nicolle [2], je fais travailler Marie [3] et je constate le relâchement de plus en plus patent de mes deux ouvriers. Je crois qu’ils ne seraient pas longtemps sans emboîter le pas dans la flânerie des tiens. Heureusement qu’il n’y en aura plus pour bien longtemps à présent ce dont je suis très contente encore plus pour toi, mon cher petit homme, que pour moi. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 163
Transcription de Chantal Brière