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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 20 décembre [18]73, samedi matin, 7 h. ½

Dors, mon cher bien-aimé, pendant que moi je t’adore et que je te bénis. Je crois que tu as besoin de rattraper un peu du sommeil de cette nuit car il me semble que tu t’es relevé pour boire, ce qui ne m’étonne pas après l’accès de Delirium tremens (pas si mince que ça) que tu as eu et que tu m’as fait partager hier soir. Pour ma part, cela s’est soldé par une insomnie carabinée de tous les tendres souvenirs de nos insomnies passées. Loin de m’en plaindre, j’en suis ravie, rajeunie et réjouie, de corps, de cœur et d’âme, comme par une consécration nouvelle de notre amour. Cette noce d’or improvisée me rend toute ma confiance et toutes mes espérances pour ce qui me reste à vivre dans ce monde et pour l’éternité dans l’autre. Maintenant, je brave crânement toutes les tentatives faites sur ta vertu par les rôdeuses de toutes provenances et de toutes les couleurs. Je suis sûre que tu m’aimes comme je t’aime et que tu m’appartiens sans partage aucun comme je t’appartiens. Sois heureux, comme je suis heureuse et bénis-moi comme je te bénis.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 352
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

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