14 novembre 1873

Paris, 14 novembre [18]73, vendredi midi

Il fait un vrai temps du bon Dieu aujourd’hui, mon cher grand bien-aimé, tâchons d’en profiter et surtout d’en faire profiter tes deux adorables petits enfants, puisque nous avons la bonne fortune de les avoir tous les deux à la fois jusqu’à ce soir. Peut-être pourrions-nous les promener dans le soleil au jardin des plantes. Cela les amuserait et les intéresserait de voir la girafe^a et toute la ménagerie. Nous pourrions ne pas garder la voiture à l’heure et la prendre seulement à la course. Le plus important pour eux, comme pour nous, c’est de profiter du beau temps. Aussi tu décideras tout à l’heure quelle façon sera la meilleure. En attendant je vais aller t’avertir que l’heure de ton hydrothérapie est déjà en retard d’un quart d’heure.
Là, c’est fait ! Quelle merveilleuse soirée tu nous as donnée^b hier, mon cher bien-aimé ! C’était plaisir de voir comment tes sublimes vers étaient compris et cela mis par cet auditoire de jeunes poètes et de charmantes femmes. Le sceptique Monselet lui-même était emporté par l’admiration et par l’enthousiasme général. Quant à Pelleport il délirait presqu’autant que moi. Quel dommage que ton pauvre Petit Victor n’ait pas pu être de la fête. D’après E. Allix et [Woilmier  ?] nous pouvons compter qu’il sera en état de faire le voyage d’ici à Cannes avant deux mois. Quel bonheur le jour où nous aurons la certitude qu’il est tout à fait guéri !

BnF, Mss, NAF 16394, f. 320
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) »giraffe ».
b) « donné ».