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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 juin 1846

26 juin [1846], vendredi matin, 7 h. ¾

Bonjour mon Victor bien-aimé, bonjour mon adoré, comment vas-tu ce matin, mon doux ami ? J’espère que tu dors encore, car probablement tu t’es couché fort avant dans la nuit. Dors, mon cher bien-aimé, et que ton sommeil soit doux, calme et bienfaisant comme ta vie. Mon cœur et ma pensée te couvrenta d’amour, de bénédiction et de baisers. J’espère que je te verrai ce matin ? Autrefois tu en avais la douce habitude. Il faudra que tu tâches de la reprendre, car jamais je n’ai eu plus besoin de ta consolante apparition, jamais je ne t’ai plus aimé. Si tu peux te soustraire, ce matin et dans la journée, à tes nombreuses occupations, je te supplie de le faire pour m’aider à supporter les longues et tristes heures que le bon Dieu m’a faites. Je ne veux pas me plaindre, quoique je n’en aie que trop le droit, dans la crainte de t’affliger, mais je t’assure que ce n’est pas trop de tout mon courage et de tout mon amour pour supporter avec résignation la perte de mon pauvre enfant. Plus je pense à cette mort et plus je trouve amer et injuste à cette pauvre bien-aimée d’avoir désiré la mort, car il n’est que trop sûr qu’elle la désirait, et au bon Dieu de l’avoir exaucée [1]. S’il est vrai cependant qu’elle soit plus heureuse, je ne dois pas murmurer mais le cœur souffre toujours et la vie se fait de plus en plus triste et solitaire pour ceux qui restent. Mon Victor adoré, mon bien-aimé, pardonne-moi ces divagations douloureuses que je ne peux pas retenir. Tu es ma vie et mon amour. Tu es plus que jamais mon tout.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16363, f. 179-180
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

a) « couvre ».

Notes

[1Son second échec à l’examen pour devenir institutrice avait profondément affecté Claire. Sa santé et son moral avaient commencé à décliner à l’automne 1845, et elle avait été prise d’une crise nerveuse le 28 mars 1846.

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