4 mars 1877

Paris, 4 mars [18]77, dimanche matin, 10 h. ½

Je suis bien contente, mon grand bien-aimé, que tu aies eu une aussi bonne nuit que la mienne et je le serais bien plus encore de savoir que tu m’aimes comme je t’aime depuis A jusqu’à Z. En attendant, je suis aussi heureuse que si j’en avais l’absolue certitude. Hein, est-ce assez de confiance comme çà ? La preuve, mon grand adoré, c’est que j’ose en sourire avec toi, ce que je ne pourrais pas faire si j’en avais le moindre doute. Je tiendrai ma chambre libre pour que tu puisses y déjeuner avant l’arrivée de ta réunion [1]. Le salon sera chauffé et tu trouveras installé tout un bureau – plumes, papier et encre – dans la salle à manger au cas où on aurait besoin de s’en servir.
Je ne pense pas que Lesclide vienne avant que vous ayez fini, s’il vient. Mon Dieu, que de riens et de rabâchages oiseux je fourre dans cette pauvre restitus qui ne devrait contenir que ces trois mots depuis le premier jusqu’au dernier : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 66
Transcription de Guy Rosa