10 février 1877

Paris, 10 février [18]77, samedi matin, 11 h.

Je sais de tes chères nouvelles, mon grand petit homme, et, quoique bonnes, je les voudrais meilleures encore. J’espère que ton petit trouble abdominal (ne pas dire abominable) sera dissipé d’ici à ce soir. En attendant, voici pour faire face à tes embarras financiers ce que je t’apporte en don pur et simple, 2 023 F. que tu pourras toucher chez mon banquier quand tu voudras. Telle est ma générosité. Qu’en dis-tu ? Je te dispense de toute reconnaissance et même de tout remerciement pour ce bienfait inattendu. Pourvu que tu m’aimes comme je t’aime, je te tiens quitte de tout et du reste. Je t’ai envoyé tout à l’heure un fort ribochage [1] d’or pour ton escarcelle un peu mise à sac depuis quelque temps. A ce propos, je te fais remarquer que nous nous sommes trompés sur le jour de ton anniversaire. Ce n’est pas le jeudi mais le lundi 26  [2], ce qui est bien différent au point de vue des invitations. Heureusement qu’il est encore temps de se raviser. Quant à moi, ton anniversaire, ta gloire, mon amour sont en permanence dans mon cœur sans distinction de date, de jour et d’heure.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 42
Transcription de Guy Rosa