13 janvier 1877

Paris, 13 janvier [18]77, samedi soir, 5 h. ½

J’ai vu Petite Jeanne qui ne me paraît pas se douter que son œil va moins bien qu’hier. Aussi me suis-je bien gardée de lui rien dire qui pût la détromper. Il sera toujours assez temps pour la pauvre chère petite de lui démontrer la triste nécessité des sangsues si on est forcé de les lui poser. En attendant, elle a fait une bonne partie avec Gavroche pendant qu’on lui faisait une petite tasse de chocolat à l’eau autorisée par sa maman. J’espère que cette fois encore on esquivera les sangsues qui paraissent l’inquiéter un peu. Je voudrais bien aussi, moi, esquiver le chiffre treize dans la personne de ce brave Dulac. J’espère qu’il ne viendra pas et que nous ne serons pas forcés de nous priver de petite Jeanne ou de Lockroy, s’il est vrai qu’il doit venir dîner ce soir. J’ai une plume exécrable qui crache plus d’encre que de mots et surtout que d’esprit. Aussi je me hâte d’arriver au but final de mon gribouillis qui est de te dire que je t’adore de la tête aux pieds.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 14
Transcription de Guy Rosa