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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 20 octobre 1854, vendredi après midi, 1 h.

Bonjour, mon cher petit Toto, bonjour, je veux être gaie et pour cela je commence par vous sauter au cou, en attendant que je vous saute aux yeux. À propos de sauter, le mur mitoyen de ma maison s’est écroulé ce matin avec un horrible fracas. J’ai cru que c’était Sébastopol [1] qui sautait mais ma joie patriotique n’a pas été de longue durée. C’est encore partie remise pour le susdit Sébastopol. En attendant, je vois que vous me laisserez toute seule comme une ourse aujourd’hui sous prétexte que vous devez rattrapera à mes dépensb le temps donné ce soir au concert. De tout quoi il résulte que je suis toujours seule et que j’attends sans cesse un bonheur qui ne vient jamais. Convenez, d’ailleurs, que c’est bien la peine de demander des restitus pour vous faire dire ces belles choses-là ? Enfin, mon cher petit homme, ce n’est pas ma faute non plus si ma vie est si vide d’incidents car à part ma stupidité naturelle, je n’ai rien à t’apprendre. Mon amour est une espèce d’étoile fixe qui reste toujours sur ton horizon sans s’en éloigner jamais et moi je reste constamment dans ma niche comme un chien.

Juliette…..caniche.

BnF, Mss, NAF 16375, f. 347-348
Transcription de Chantal Brière

a) « rattrappé ».
b) « dépends ».

Notes

[1Durant la guerre de Crimée, le siège de Sébastopol avait commencé au début du mois d’octobre 1854 et le premier bombardement eut lieu le 17 octobre.

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