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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 17 octobre 1854, mardi matin, 10h. ½

Bonjour, cher petit enrhubé, bonjour, en courant la restitus, car j’ai de l’ouvrage à faire pour votre dez qui va fort et qui réclabe des bouchoirs à cor et à cris. Je vais mettre Suzanne à la tâche tantôt, bien qu’elle ne s’y prête pas beaucoup ; et quant à moi, je vais faire de mon mieux malgré mes mauvais yeux et ma maladresse. Tu n’as jamais mieux fait que de t’acheter ce bon vêtement chaud hier, mon pauvre adoré, pour te mettre à l’abri de l’affreux temps d’aujourd’hui : mais tu feras bien encore, néanmoins, de ne pas rester trop longtemps à travailler dans ta chambre sans feu. Toutes ces recommandations sont plus rabâcheuses que poétiques mais c’est que le souci de ta santé est ce qui domine toutes mes autres préoccupationsa. Et puis à quoi servirait ma pauvre petite goutte d’esprit, si j’en avais, dans votre océan de génie ? Aussi je me garde bien de me mettre l’imagination à sec pour faire cette chose inutile et ridicule. Je vous aime voilà ma grandeur. Je vous admire et je vous adore, telle est ma force et mon immensité. Quant au reste c’est votre affaire. N’oubliez pas que je vous attends et que je n’ai pas d’autre joie au monde que celle de vous voir : tenez-vous chaudement, bouchez-vous et ne travaillez pas trop. Moi je vais tirer l’aiguille en votre honneur. C’est pour cela que je me hâte de vous donner tout mon cœur et toute mon âme en un seul mot : je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 343-344
Transcription de Chantal Brière

a) « préocupations ».

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