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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 janvier [1843], dimanche matin, 11 h. ¾

Bonjour mon Toto ravissant, bonjour mon Toto bien-aimé. Bonjour, bonjour je t’aime. Je te dirai, mon amour, que je marche de surprise en surprise avec ma Claire. Ce matin elle m’a apporté un mouchoir brodé au point de chaînette qu’elle a fini hier au soir et que Suzanne a lavé et repassé ce matin. Il est vraiment charmant et très bien fait. Tu le verras et tu me diras si tu en veux un de ce genre-là pour ma chère petite DD. Seulement tu en feras le dessin, ce sera encore plus gentil. Bref cette pauvre enfant est dans un moment de transformation charmant, Dieu veuille que cela se soutienne. Je le désire et je prie le bon Dieu tous les jours pour cela. Elle a été à la grand-messe ce matin mais je ne l’enverrai pas à Vêpres parce que j’ai trop peu de temps à la garder et que je veux en profiter. C’est le moment ou jamais pour moi : quant à sa perruque je crois qu’elle persiste à se faire raser pendant un mois ou six semaines. Cependant, je désire qu’elle réfléchisse et qu’elle attende encore un peu avant de se décider. Pendant ce temps-là si tu penses à consulter M. Louis nous saurons mieux ce que nous faisons. Pauvre ange tu vas avoir bien peu de temps à toi, aussi n’est-ce que pour la mémoire ce que je t’en dis.
Aime-moi mon Toto ravissant, aime-moi, non comme je t’aime, je ne suis pas si ambitieuse, mais comme tu m’aimais il y a dix ans. Je baise tes quatre petites pattes blanches.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 89-90
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette


29 janvier [1843], dimanche soir, 11 h. ½

Mon Dieu, mon cher bien-aimé, que t’est-il donc arrivé que je ne t’ai pas vu depuis hier ? J’ai beau savoir tes occupations, tes embarras, tes ennuis de toutesa espèces, je n’en suis pas moins très inquiète et très tourmentée. Je donnerais tout au monde pour tenir tes deux petites mains blanches dans les miennes, pour sentir ta bouche sur la mienne, pour être sûre enfin qu’il ne t’est rien arrivé de fâcheux et que tu m’aimes un peu.
Est-ce que tu es allé à Hernani ce soir ? Ce serait bien mal quand tu sais que je suis là, que je t’attends, que je te désire et que j’aurais eu tant de bonheur à y aller avec toi. Je ne sais que penser. Cependant ce ne sont pas les suppositions qui manquent, j’en ai à choisir. C’est pour cela que je ne sais à laquelle m’arrêter. J’ai peur qu’il ne te soit arrivé quelque chose cette nuit ou que quelqu’un des tiens ne soit malade… Tu devrais bien, mon cher adoré, ne pas me laisser plus longtemps dans cette perplexité. Tout doit être fini à présent si ce sont des affaires seulement qui te retiennent. Tâche de venir mon cher adoré. Pense à ce que je dois souffrir, ne sachant pas ce qui t’arrive.
Ma pauvre péronnelle s’en va demain matin. Elle t’a commencé une bourse dans la journée qu’elle te finira à la pension. Elle est bien gentille cette pauvre enfant et je serais bien heureuse si tu venais tout de suite.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 91-92
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « tous ».

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