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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 29 août 1854, mardi après midi

Cher trop aimé, tu n’as aucun tort envers moi et je conviens que je suis absurde, bête et méchante sans motif. En même temps que cette profession de foi sincère, j’ajoute qu’au fur et à mesure que la jeunesse et la vie se retirent de moi, elles laissent à découvert des récifsa de jalousie et des abîmes de stupidité que je ne soupçonnais pas moi-même être en moi. Encore si tu ne t’y blessais pas trop souvent j’en prendrais mon parti vaillamment au risque de m’y rompre le cœur et l’âme ; mais, quand je pense que tu en souffres, ou au moins que tu t’en lasses, alors je n’ai plus de courage et je désire mourir pour te rendre la liberté d’être heureux à ton aise. Tout cela, mon cher petit homme, n’est pas beaucoup plus gai ni plus amusant que ma triste personne. Aussi je ne sais quoi imaginer pour sortir de mon caractère et te faire oublier qui je suis. J’ai vu Guay tantôt au moment où il allait aller chez toi savoir si Vacquerie pourrait faire le portrait de son mioche aujourd’hui, en même temps je lui ai payé trois paires de chaussures à moi et tes souliers, non encore achevés, parce que je le sais très à court d’argent. Pour cela il m’a fallu puiser dans le fameux trésor dans lequel j’ai pris deux nouveaux bills. Du reste tu trouveras tous mes emprunts forcés inscrits au fur et à mesure de mes besoins sur l’enveloppe des bills.

BnF, Mss, NAF 16375, f. 273-274
Transcription de Chantal Brière

a) « rescifs ».

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