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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 mai 1838

28 mai [1838], lundi matin, 11 h.

Bonjour toi. Bonjour vous. Je vous aime. Vous ne venez pas, c’est très bête. Comment voulez-vous que je maigrisse si vous ne me faites ni marcher ni travailler ni aimer ? Je deviendrai comme une tour et ce sera votre faute, scélérat. Vous ne jouez donc d’aucun instrument ? Pas même de celui qu’on fabrique dans les environs d’Angoulême, pas même des jambes quand c’est pour me venir voir ? Vous êtes une bête. Taisez-vous et venez me baiser tout de suite, si je vous prends par le menton, votre seul endroit sensible. Il fait bien beau. Si vous aviez du cœur… mais vous n’en avez pas, ainsi toutes mes réclamations seront inutiles ; il vaut mieux que je me taise.
Je t’aime mon Toto. Pourquoi ne viens-tu pas plus souvent ? Tu sais tu m’avais promis que tu reprendrais tes bonnes habitudes. J’attends toujours qu’il te plaise de tenir ta promesse. Mais pendant ce temps-là le bonheur s’en va sans que nous en ayons profité. Tâchez mon amour d’employerb mieux le peu de jeunesse qui me reste car je vous aimerai toute ma vie mais je suis déjà bien vieille mon jeune Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 200-201
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « aions ».
b) « emploier ».


28 mai [1838], lundi soir, [7  ?] h. ½

Mon pauvre adoré le diable d’argent nous poursuit, depuis que tu m’as quittée, j’ai dépensé 7 F. de plus que je ne croyais : 6 F. pour la frange de mon châle vert que François vient de m’apporter et 1 F. au blanchisseur qui n’a pas voulu me faire les rideaux au prix où je les lui avais marqués. Tout cela mon bon ange, qui dans d’autres temps m’aurait été indifférent, me tourmente et m’attriste à présent car je pense à la peine que tu as à gagner de l’argent pour moi, à tes pauvres yeux malades, à nos nuits si solitaires. C’est que je t’aime mon Victor comme jamais femme n’a aimé avant moi et n’aimera après. Je t’aime de tous les amours à la fois, crois-le bien car c’est bien vrai, bien vrai. Je vais comptera les minutes en t’attendant par les battements de mon cœur. Je suis heureuse de la soirée que tu me donnes. Je la trouve trop courte pour tant d’amour mais c’est égal je suis heureuse. Je vais donc souper avec vous ! Quel bonheur !!! Je vous donnerai les plus petites asperges et toutes les arêtes du poisson. Merci Juju. Taisez-vous… Oh ! Je t’aime toi. Oh ! Je t’adore toi. Oh ! Je te désire toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 202-203
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « conter ».

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