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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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23 mai 1838

23 mai [1838], mercredi matin, 11 h. ¾

Bonjour mon petit bien-aimé, comment vas-tu ? Vous ne venez pas chercher votre clef Toto ? Il faudrait pourtant tâcher de la faire faire aujourd’hui. Mon Toto je t’aime, mon Toto tu es mon bonheur, ma joie et ma vie. Il n’y a pas de jour où je ne te dise la même chose, cela te prouve combien c’est sincère. Je serais bien ravie si on pouvait faire une réduction de votre belle tête colossale, quelquea petite qu’elleb soit, mon amour saura lui rendre toute son imposante grandeur [1]. Il faut donc faire tous vos efforts mon Toto pour qu’on arrive à faire un bijou de votre admirable tête monumentale afinc que j’en puisse avoir une de celle-là à baiser nuit et jour. Jour mon petit Toto. Je t’aime. Je n’ai pas envoyé la lettre à Mme Kraft. Je n’ai pas envie, moi, de perdre l’occasion de laisser reposer tes pauvres beaux yeux. On sonne en ce moment, c’est sans doute toi. Oui. Oh ! oui c’était bien toi. Toi ravissant comme toujours, toi le meilleur des hommes comme si tu n’en étais pas le plus beau, le plus grand et le plus charmant. Je t’aime. Je vais joliment me dépêcher de laver la petite machine, elle est fièrement gentille et fait très bien sur ma cheminée. Mais tu es mon amour bien aimé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 184-185
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « quelle que ».
b) « quelle ».
c) « à fin ».


23 mai [1838], mercredi soir, 6 h. ¾

Vous ne venez pas souvent et pas beaucoup à la fois, mon petit homme. Cependant je vous aime, cependant je vous attends, cependant je vous adore. J’ai joliment bien nettoyéa et restauré la petite machine, elle est ravissante à présent et neuve. Pourquoi n’êtes-vous pas là pour me la faire trouver plus belle encore ? J’ai bien mal à la tête mon chéri, ce serait une charité de me faire sortir un peu ce soir. Je ne vous empêcherai pas de travailler. Je serai bien sage et bien silencieuse, vous verrez. Mme Kraft n’a pas encore envoyé, elle ne se presse que lentement dans notre genre au reste. Je t’aime mon cher petit homme. Je voudrais te l’écrire moins souvent et te le dire à toi toujours. Quand donc dînerons-nous ensemble, il y a bien longtemps que tu me le promets ! Pauvre bien-aimé, ne prends pas en mauvaise part toutes mes doléances, je sais bien que tu travailles, je sais bien que tu es un bon petit Toto, mais je sais aussi que je t’adore et que je soupire sans cesse après le moment qui te ramène auprès de moi. Le Védel continue ses petites farces, le jour où [on] lui donnera la schlague, je rirai bien car le gredin ne l’aura pas volée. En attendant la dame et la demoiselle, L’École des vieillards et Les Comédiens [2] pourrissent sur l’affiche. Moi, je t’aime. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 186-187
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « netoyé ».

Notes

[1Allusion au buste de Hugo qui vient d’être exécuté par David.

[2L’École des vieillards : comédie de Casimir Delavigne, créée à la Comédie Française en 1823. Les Comédiens : comédie de Casimir Delavigne créée à l’Odéon en 1820.

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