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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 mai 1838

17 mai [1838], jeudi matin, 11 h. ½

Bonjour mon petit homme bien aimé. Bonjour mon adoré. Comment vas-tu ? Je t’aime. Vous êtes bien i et surtout bien admirablement bon, mon Toto, d’être venu me surprendre tout à l’heure. C’est bien dommage que ça n’ait été qu’une apparition. Avais-tu déjeuné mon amour ? Dans le cas contraire vous êtes bien méchant de ne m’avoir pas donné la préférence puisque j’avais de l’argent ça allait tout seul et nous aurions passé quelques bons moments devenus si rares et si courts depuis huit mois. Enfin mon petit homme, je vous aime, c’est bien sûr et je ne pense qu’à vous, c’est bien vrai. Il fait un froid de loup ce matin. Depuis que j’ai ôté mes tapis il gèle à pierre fendre et je pourrais fermer mes portes avec mes pieds. Ça ne n’empêchera pas, si tu peux me mener aujourd’hui chez la mère Pierceau, d’aller essayer ma robe fond blanc parce que la coquetterie est toujours là. Je t’aime. Je t’ai joliment bien baisé hier, c’était [un rien  ?] bon. J’en ferais bien encore autant à présent si tu voulais. Je suis dans de très bonnes dispositions. Je vous attends, mon petit homme chéri, avec tout mon amour sous les armes. Tâchez que ma faction ne soit pas trop longue.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 160-161
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette


17 mai [1838], jeudi soir, 7 h. ¼

Mon cher petit homme je vous aime, je pense à vous, je vous désire et je vous attends. J’espère, mon adoré, que tu n’auras pas été mouillé et que tu auras fait attention à tes chères petites pattes. C’est qu’elles sont si ravissantes, vos petites pattes, que je ne veux pas que vous les crottiez parce que ça les abîmea et que cela fait tousser le Toto de mon cœur.
Vous êtes cause, mon petit Toto, que je ne pourrai pas ressayer ma robe aujourd’hui, avec vos manies de cinq minutes, je n’ai pas eu le temps de mettre mon corset et maintenant si elle n’est pas faite et si elle ne va pas, la robe, ce sera votre faute. Vous êtes une bête ! Zai une petite lanterne qui est bien zolie et bien préciose. Zé la fourbirai demain et zé la garderai pour moi toute la vie, et puis je vous donnerai ma veilleuse toute hideuse qu’elle est, je veux que vous la gardiez toujours dans votre chambre parce qu’elle vient de moi. C’est que je vous aime moi, mon Toto. Entendez-vous cela, je vous aime ? Tâche de revenir bien tôt.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 162-163
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « abimes ».

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