Paris, 11 juillet [1880], dimanche matin, 11 h. ½
Cher bien-aimé, j’ai pris un bain ce matin. C’est ce qui fait que ma restitus est tout à fait en retard. Heureusement que mon cœur est toujours en avance pour t’aimer, ce qui rétablit l’équilibre. Au moment où je t’écris ceci, je pense aveca une vive tristesse à la perte de cette excellent docteur Broca qui t’était si sincèrement dévoué et qu’on enterre aujourd’hui à cette [heure]-ci même. Le billet de faire-part est venu ce matin mais je me suis permisb de ne pas te le communiquer pour ne pas te donner la pensée d’aller à cet enterrement où on t’aurait probablement prié de parler, sans compter la fatigue et l’émotion que cela t’aurait causé et par cette chaleur malsaine te rendre peut-être malade. J’espère que tu ne m’en voudras pas d’un excès de sollicitude que je ne peux pas m’empêcher d’avoir. Je t’aime, mon bien-aimé, je t’aime, je t’aime c’est ma vie, c’est mon cœur, c’est mon âme.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 185
Transcription d’Emma Antraygues et Claire Josselin
a) « avec avec. »
b) « permis ».