Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1849 > Décembre > 11

11 décembre [1849], mardi midi

Nous verrons, mon cher petit rapace, si vous ne viendrez pas me chercher tout à l’heure dans le but hideux d’économiser douze sous en ena faisant dépenser six à moi sur mon pauvre saint-frusquin déjà si sec et si efflanqué. Si je savais que vous me feriez un tour aussi noir je ne sais pas ce que je vous ferais pour vous faire dépenser beaucoup d’argent de force.
Cher adoré, je ris en attendant, mais mon rire ressemble plus à une grimace douloureuse qu’à autre chose, à preuve que je te dis des choses stupides sous prétexte de plaisanteries. La crainte de ne pas te voir mise à part, je rends toute justice à ton noble et généreux dévouement, à ta sagesse et à ta douce prévoyance. Va mon adoré bien-aimé, si tu es compris, respecté, admiré et adoré dans le monde, c’est par moi. Si je suis amère et triste trop souvent ce n’est pas contre toi, c’est contre les obstacles qui nous séparent et qui me forcent à passer ma vie loin de toi. Mais, Dieu m’est témoin que je n’ai jamais une pensée mauvaise contre toi. Mon Victor adoré, mon petit homme béni, si tu peux venir tout à l’heure je serai bien heureuse. Si tu ne le peux pas j’irai t’attendre chez la mère Sauvageot et je tâcherai de ne pas être trop grognon. Jusque-là je te baise de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss NAF 16367, f. 353-354
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « me ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne