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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 août [1849], samedi soir, 8 h.

Je ne t’avais pas écrit ce matin, mon cher petit homme, à cause de mon bain et de ma peignerie, mais je comptais bien me dédommager ce soir et je n’y manque pas comme tu vois. Me voici reléguée de nouveau dans mon pauvre coin, mon grand bien-aimé. Pendant les trois jours qu’a duré ce congrès de la paix, j’ai pu me faire illusion parce que je t’avais sous les yeux et que je pouvais me croire auprès de toi-même à la distance qui nous séparait. Maintenant il n’en sera plus de même, à commencer par aujourd’hui. Il faudra que j’attende que tu viennes à moi et dieu sait combien de fois et combien de temps j’attendrai. Cependant, mon adoré aimé, je ne veux pas me plaindre. Tu as été si bon tous ces jours-ci que ce serait plus que de l’ingratitude à moi de l’oublier. Je veux vivre dans ce grand et doux souvenir le plus longtemps possible et ne pas désespérer de mon bonheur à venir.

Juliette

MVHP, Ms a8271
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux


25 août [1849], samedi soir, 8 h. ½

Sois heureux, mon adoré, jouis en paix de ta gloire si méritée, mais n’oublie pas la pauvre femme dont tu es l’âme. Si tu savais comme c’est vrai que tu es tout mon cœur et plus que ma vie, tu serais heureux dans ton triomphe sublime de cette goutte d’amour pure que Dieu lui-même ne dédaignerait pas. J’ai peu d’espoir que tu reviennes ce soir, mon cher petit Toto, mais je te sais gré de la bonne volonté que tu m’as témoignée en t’en allant tout à l’heure. Je te supplie de tâcher de venir demain de bonne heure et je te supplie encore bien plus si c’est possible de tâcher de me faire un petit voyage de quelques jours dès que mes Bretons seront partis. Ces pauvres gens ne sont pas encore ici que je songe avec tristesse que leur présence, bien venue pourtant, me coûtera bien des moments de bonheur pendanta lesquels je ne te verrai pas. Je devrais ne pas oser le dire, mais avec toi j’aime tout haut et plus que frère, sœur, neveu et amis.

Juliette

MVHP, Ms a8272
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « pendants ».

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