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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 juin 1849

29 juin [1849], vendredi matin, 7 h.

Bonjour, mon bien aimé Toto, bonjour, mon cher petit homme, bonjour. Si l’honnêteté dans l’amour, si une adoration sans borne pour ta chère petite personne peut éloigner de toi tout danger et te faire une santé splendide et une longue vie, tu dois te sentir bien fort et bien portant et bien immortel ce matin, mon cher petit homme, car je t’aime avec toute la parité et toute la passion d’une sainte pour le bon Dieu. Quant à mon itinéraire, je te promets de descendre désormais à la rue Bellefonds ou aux abattoirs quand le temps le permettra. Hier, je me suis permisa de faire à ma tête, qui était assez détraquée par la migraine. Du reste, je ne regrette pas ma stupide appréciation de route puisqu’elle m’a mise sur ton chemin et que j’ai pu croire un moment que tu étais encore jaloux de moi, deux choses qui deviennent de plus en plus rares. Ma férocité va même jusqu’à ne pas trop m’affliger du petit moment d’ennui que je t’ai causé involontairement. À ce sujet, dameb, jalousie bien ordonnée commence par soi-même et je suis jalouse des jalousies que tu n’as plus. Cependant, mon petit homme, je te promets de ne pas en abuser et de faire exactement ce que tu voudras en omnibus et ailleurs. En attendant, je t’aime à pied et à cheval. Je t’aime dans toutes les directions et par tous les points à la fois. Je t’aime plein la tête et plein le ciel.

Juliette

MVHP, MS a8236
Transcription de Michèle Bertaux et Joëlle Roubine

a) « permise ».
b) « dam ».


29 juin [1849], vendredi matin, 11 h.

Puisque je n’aia pas songé à te demander hier à quelle heure il fallait que je fusse prête aujourd’hui, je ne m’en tiendrai pas moins prête à midi ½. Il vaut mieux que je t’attende que de te faire attendre toi-même et surtout de m’exposer à manquer l’occasion de t’accompagner. Cher adoré bien-aimé, tu ne sais pas combien c’est un besoin et un bonheur pour moi d’être avec toi. Aussi, je ne néglige aucun des moyens qui peuvent me donner cette joie plus souvent Et même si tu voulais rendre ta vieille plus perçante, il aurait fallu l’emmancher dans une bonne journée de bonheur comme celle de Rouen [1]. Tu vois que je t’explique le moyen de percer facilement et d’outre en outre ma rapacité d’acier. C’est à toi d’en user. La tapisserie vaut bien cela. Elle vaut encore bien davantage mais je veux être généreuse par reconnaissance. Maintenant, si vous n’y mettez pas ce prix-là, c’est que vous ne tenez guère plus à elle qu’à moi, ce qui est peu flatteur pour toutes les deux et dans ce cas-là il est juste que nous ne séparions pas nos deux confusions. Je voudrais bien, mon petit homme, que tu réclames ta lettre V. Je serais bien aise d’assister à une de vos séances c’est-à-dire de voir ton cher petit dos pendant quatre ou cinq heures. Ne me refuse pas cette satisfaction et fais-toi délivrer ta fameuse lettre V. puisque c’est elle que tu as choisieb pour te représenter. Tu me rendrais bien heureuse.

Juliette

MVHP, MS a8237
Transcription de Michèle Bertaux et Joëlle Roubine

a) « aie ».
b) « choisie ».

Notes

[1Le dimanche et lundi précédents, ils ont passé deux jours à Rouen.

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