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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 septembre [1845], dimanche après-midi, 2 h.

Quelle joie, mon Victor, quelle douce nuit, quel ravissement c’était de te sentir couchéa auprès de moi ! J’écoutais ta respiration qui est pareille à celle d’un enfant endormi. Les événements, les soucis, le travail ont beau nous séparer pendant des mois et des années entières, le jour où tu te rapproches de moi, tout ce que j’ai de passion, de tendresse, de volupté et d’amour se réveille plus jeune et plus ardent que jamais. Tu as pu t’en convaincre cette nuit.
Cher adoré, mon bien-aimé, mon bonheur, mon amant bien aimé, je t’aime, je pense à toi, je t’adore.
Clairette vient de revenir de chez ces messieurs [1]. Il paraît que tout s’est passé d’une manière satisfaisante. Elle doit y retourner dimanche, ce qui renverse encore une fois la fameuse partie du lapin [2], mais le devoir avant tout.
Je ne sais pas quel jour je prendrai avec les petites filles. Mais dans tous les cas où ce serait un des tiens, je me réserverai la faculté de le changer. Il est convenu entre MM. Varin et Dumouchel qu’on fera faire une demande à Claire pour obtenir la faveur de passer aussitôt la rentrée des classes. Il est impossible de mettre plus de zèle et plus de gracieuse obligeance que n’en mettent ces deux messieurs. Grâce te soit rendue, mon Victor adoré, puisque c’est à toi seul que nous devons ce bon accueil. Voilà un bien vilain temps, mon Toto. L’influence marécageuse de ma péronnelle se fait sentir dès le premier jour. Il est probable qu’en voilà pour quinze jours, d’autant plus que le mauvais temps prend avec la pleine Seine. Quel ennui pour tout le monde et en particulier pour toi et pour tes pauvres gamins. Je ne suis pas contente du bon Dieu. Il aurait bien pu attendre la fin des vacances pour nous vider toutes sortes de choses sur la tête, c’est mon opinion et je la lui dirai à lui-même quand il voudra.
Mon Victor adoré, mon Toto ravissant, je te souris, je t’aime, ô oui, je t’aime. Ce mot-là dans ma bouche contient tout mon cœur, toutes mes pensées, toute ma vie et toute mon âme. Mon Victor, mon petit Toto, mon amour, mon bonheur, ma joie, je t’adore. Pense à moi de ton côté et aime-moi, je le sentirai malgré la distance.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16360, f. 284-285
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « coucher ».

Notes

[1Les répétiteurs de Claire, MM. Dumouchel et Varin.

[2S’agit-il d’un jeu ? À élucider.

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