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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 juillet [1842], samedi matin, 9 h. ½

Bonjour mon Toto chéri, bonjour mon adoré petit homme, bonjour, bonjour, comment va ta petite menotte ce matin ? Comment notre cher petit garçon a-t-il passé la nuit ? Toujours de mieux en mieux n’est-ce pas mes pauvres adorés ? Je prie bien le bon Dieu de toute mon âme pour que ce soit ainsi. Mais tu serais bien gentil, mon Toto, de venir me le confirmer de ta bouche. J’étais bien maussade et bien engourdie cette nuit, n’est-ce pas mon adoré ? Eh bien je ne t’ai jamais ni plus ni mieux aimé, mais j’avais cette hideuse migraine, augmentée de l’incident que tu sais, tout ça réunis faisaient de moi la Juju la plus lourde et la plus désagréable qu’on put trouver. Ce n’est pas ma faute, mon toto, et je te prie de n’en pas garder le souvenir. Jour Toto, jour mon cher petit o. Je viens de payer Suzanne et l’ouvrière et il me reste, en dehors des 100 F., juste 10 F., ce sera pour le premier créancier venu. Il faudra aussi que je visite mes reconnaissances aujourd’hui : ouvrage peu attrayant. Et puis je ferai mes chemises de flanelle que j’avais abandonnées pour votre tapisserie, mon cher petit homme, mais comme j’ai mes pauvres LLUNES à l’air, il faut bien que je les couvre sous peine de pécher contre les lois de la décence et de l’hygiène. Dites-donc académicien, est-ce comme ça que s’écrit ce mot technique ? En attendant votre réponse, baisez-moi sur toutes les coutures et ne vous lassez pas plus que moi à cette besogne.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 225-226
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


9 juillet [1842], samedi après-midi, 3 h.

Je suis encore dans mon négligé du matin, mon cher amour, parce que j’ai savonné et houspillé un tas de choses dans ma maison.

8 h. du soir

Merci mon adoré, merci mon bon ange doux et adoré, merci de ta bonne complaisance, tu m’as donné un moment de bonheur bien vif, mon adoré, celui d’être à ton cher petit bras et de marcher avec toi à la face du ciel. Je te remercie du fond de l’âme mon amour. Sois béni mon Victor bien-aimé et que le bon Dieu te fasse trouver ton cher petit malade mieux en rentrant chez toi, c’est ma prière la plus ardente [1]. J’espère qu’elle sera entendue. Pauvre ange bien-aimé, tu paraissais bien profondément triste pendant toute cette promenade où je ne pouvais pas m’empêcher d’être heureuse, est-ce que tu as quelque chagrin que tu me caches, outre le tourment de savoir ton pauvre enfant souffrant ? Dis-moi, mon adoré, il ne faut rien me cacher, c’est une de nos conventions tu sais mon adoré, et je n’y ai jamais manqué. Je t’en prie mon adoré, ne me cache rien. Depuis que tu es parti je pense à cette tristesse et je m’inquiète parce que je crois que tu as de nouveaux tourments que tu ne m’as pas dits. Dès que tu pourras venir mon bien-aimé, n’y manque pas je te demanderai ce que tu as et je serai bien heureuse si je me suis trompée.

BnF, Mss, NAF 16349, f. 227-228
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1François-Victor Hugo est convalescent.

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