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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 janvier [1849], samedi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon cher doux bien-aimé, bonjour de la voix de l’âme et du cœur. Je ne t’ai pas vu, mon bien-aimé, ce qui me fait croire que tu auras pu parler à la séance d’hier ? Eugénie et M. Vilain qui sont venus me voir hier au soir m’ont dit que l’Assemblée était encore réunie à sept heures du soir [1]. Peut-être que la séance se sera prolongée très avant dans la soirée. Mais j’espère que rien d’inquiétant pour le public et surtout pour nous n’aura été en question dans cette séance allongée. Quant à moi, mon adoré, je t’aime avec une tendresse et une sollicitude de plus en plus développées. Je pense à tout ce que tu as à faire et je te plains. Je voudrais pouvoir t’aider, mais malheureusement il n’est pas donnéa à la fourmi de collaborer avec l’aigle. Je t’admire et je t’aime voilà tout ce que je sais faire. Il me semble même, tant la chose est naturelle chez moi, que le bon Dieu ne m’a crééeb et mise au monde que pour cela. Toutes mes attributions, toute mon intelligence, toute mon activité sont réuniesc dans ce seul mot : t’aimer. Le reste ne me regarde pas. Aussi, mon Victor, hors de toi il n’y a plus qu’ennui, fatigue, choses fastidieuses et dégoût. Tâche de venir tantôt et de m’emmenerd. D’ici là, je vais te désirer de toutes les forces de mon âme.

Juliette

Leeds, BC MS 19c Drouet/1849/10
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette

a) « donner ».
b) « créé ».
c) « est réunie ».
d) « enmener ».


13 janvier [1849], samedi matin, 11 h. ½

Je quitte tout ce que je fais en ce moment, mon doux amour, pour venir te dire que tu es mon espoir, ma vie, ma joie et mon bonheur. J’espère que tu auras pu parler hier et j’attends avec impatience le moment où je pourrai lire ton discours dans le journal [2]. Jusque-là, je ne serai que la plus désireuse des Juju. Je t’attends, j’espère que tu viendras me chercher pour aller à l’Assemblée. Dans cette pensée je me hâte de finir tous mes triquemaques pour m’habiller tout à l’heure. L’homme aux habits n’est pas encore venu, c’est ennuyeuxa, car tu as besoin de ton paletot. Je regrette de t’avoir parlé de ce tailleur-là parce que tu aurais pu te servir du tien qui ne t’aurait peut-être pas pris plus cher et qui t’aurait servi tout de suite. Il faut que le père Cacheux soit malade ou sa femme pour avoir négligé cette affaire, car il t’adore, à la lettre. Je suis très vexée de ne pas avoir mieux réussib dans ma négociation. Une autre foisc je tâcherai d’être mieux inspirée. En attendant je t’aime sans désemparer et je désire que quelques bons hasards t’amènent auprès de moi beaucoup plus tôt que je n’ose l’espérer et t’y laissentd beaucoup plus longtempse que d’habitude.

Juliette.

Leeds, BC MS 19c Drouet/1849/11
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette

a) « ennuieux ».
b) « réussit ».
c) « autrefois ».
d) « laisse ».
e) « long-temps ».

Notes

[1Victor Hugo a été élu au scrutin complémentaire le 4 juin 1848 à l’Assemblée constituante et est député de Paris.

[2Victor Hugo a été élu au scrutin complémentaire le 4 juin 1848 à l’Assemblée constituante et est député de Paris. Ses discours sont publiés dans L’Événement, le journal qu’il a fondé en août 1848 et qui paraît le soir. Ses fils, Victor, qui « se fait désormais appeler François-Victor pour ne pas être confondu avec son père », Charles, Auguste Vacquerie et Paul Meurice dirigent le quotidien (Tableau synchronique 1843-1851 ; CFL, t. VII, p. 1341-1342).

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