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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 juin 1845

21 juin [1845], samedi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon Toto chéri, bonjour, mon ravissant Toto, bonjour, mon adoré petit homme, bonjour, comment va ton pied ? Il me semble que si je l’avais soigné, il serait déjà guéri, ce cher petit pied. C’est peut-être beaucoup de fatuité de ma part, mais cela est ainsi. Cher adoré, il faut que je prenne mon courage à deux mains pour te prier de ne pas venir du tout dans le cas où cela éterniserait ton bobo. Cependant je dois le faire et je le fais très courageusement et très sincèrement pour t’épargner un jour de souffrance. J’aime mieux souffrir, moi, de ton absence toute une longue journée et te savoir guéri après. Ainsi, mon Toto adoré, pour peu que le médecin y voie le plus petit inconvénient à ce que tu sortes, même en voiture, aujourd’hui ne viensa pas, je t’en supplie. Vois-tu, mon Victor adoré, il y a bien de l’amour dans cette défense. Si je n’écoutais que mon bonheur, je ne te la ferais pas et je trouverais très doux de te faire boiter quelques jours de plus. Mais, avant mon bonheur, avant mon amour, avant ma vie, il y a toi, ta chère petite santé qui m’est encore plus précieuse. Ne viens donc pas, mon bien-aimé, si cela doit te faire souffrir plus longtemps. Je t’en prie.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16359, f. 325-326
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « ne vient ».


21 juin [1845], samedi après-midi, 3 h. ½

Cher adoré, je te demande bien pardon de ma maladresse. Si j’osais, je me donnerais des coups. Non mais, sans rire, je crains de t’avoir fait beaucoup de mal. Tu n’as peut-être pas voulu me le dire, mon pauvre ange, mais j’ai bien peur que cela ne soit. Je n’avais pas besoin de ce nouveau tort envers ce malheureux petit pied pour l’éloigner de plus en plus de mon affreuse personne. Je crains que ce dernier trait ne m’ait brouillée avec lui à tout jamais. Je me promets de lui demander humblement pardon tantôt et de faire toutes les platitudes nécessaires pour faire ma paix avec lui. En attendant, je ne suis pas sans inquiétude sur lui et sur toi. Je voudrais déjà être à ce soir pour savoir si tu souffres et si tu m’en veux. Tout à l’heure je prendrai un bain. C’est pour cela que tu ne m’as pas trouvé habillée quand tu es venu. Eulalie vient de partir chercher Claire. Cette pauvre enfant redoute beaucoup d’aller chez son père à cause de sa déconvenue à l’Hôtel de Ville. Moi, je crois qu’ila ne sera pas plus sensible à la déception qu’il ne l’aurait été au succès. C’est une nature mollasse et blaireuse dont il n’y a rien à espérer d’aucune façon. Et puis je ne sais pas pourquoi je te parle de cela quand j’ai une chose plus intéressante que toutes les choses du monde : ton amour. Tu m’aimes, n’est-ce pas ? Moi, je t’adore. Tu es mon Victor éblouissant de beauté et de jeunesse. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16359, f. 327-328
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « je crois que il ».

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