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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 avril [1838], mercredi matin 11 h. ½

Mon cher petit bien-aimé, c’est très gentil à vous d’être venu cette nuit mais vous serez encore bien plus gentil si vous revenez la prochaine et les suivantes. Ha ça ! j’espère que vous aurez fini par rencontrer votre Granier de Cassagnac qu’il est. Ce serait bien absurde de me quitter dix heures trop tôt pour rien. Avec cela que Mme Kraft doit croire que nous l’oublions. Comme il faut que je reste chez moi toute la journée, aujourd’hui il fait un temps magnifique. C’est toujours comme cela. Je suis sûre que le Jourdain ne viendra pas encore aujourd’hui. Je bisque, je rage que c’est un plaisir. Je vais envoyer Suzette chez la mère Lanvin avec un bout de lettre pour la prier de venir demain avant 2 h. 
Je vous aime vous. Vous ne vous y attendiez pas, mais j’aime à surprendre mon monde. Eh bien oui, je vous aime ! et de toutes mes forces et de toute mon âme encore. C’est bien pire. Je serai très heureuse si vous revenez très tôt de baiser votre belle bouche blanche et rose.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 76-77
Transcription de Mathieu Chadebec assisté de Gérard Pouchain


25 avril [1838], mercredi soir, 5 h. ¼

Vous voyez bien que vous me refusez tout ce que je vous demande, vilain Toto. J’aurais été si heureuse de dîner avec vous aujourd’hui en ville, cela m’aurait complétéa mon déjeuner qui a été beaucoup trop court. Mais vous ne savez plus rien faire pour me rendre heureuse. Vous avez aussi reçu beaucoup trop de lettres de femmes, vous savez que je n’aime pas ça et que je vous le défends expressément. Cela ne vous arrête pas. À propos de lettres je viens d’envoyer à la poste celle de Mme Kraft et une autre à Jourdain pour savoir si la plaisanterie doit se prolonger encore longtemps et puis aussi pour ravoir votre petit miroir. Scélérat, je vous aime, monstre. C’est bien absurde mais je suis forcée de l’avouer, je vous aime. Il est vrai que vous faites tout votre possible pour me guérir, mais tous vos efforts jusqu’à présent n’ont servi qu’à vous faire aimer davantage, et comme je sais que cela vous vexe horriblement, je continuerai de vous aimer de plus en plus. C’est bien fait !!!!!!!!!!!!b
Jour mon Toto, soir pa, soir man. Suis-je bonne de rire avec vous quand j’ai tout sujet d’être triste de votre façon d’être avec moi qui vous aime tant.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 78-79
Transcription de Mathieu Chadebec assisté de Gérard Pouchain

a) « completter ».
b) Les douze points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.

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