25 février 1860

Guernesey, 25 février 1860, samedi, 8 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, baisers, bonheur, soleil, amour, cœur et âme. Comment as-tu passé la nuit, mon petit homme ? Si ton dîner ne t’a pas pesé tout est pour le mieux. J’espère que tu passeras une bonne soirée et que tout ira, comme sur des roulettes, ce soir et que vous aurez un succès ébouriffant^a [1]. Rappelez bouquets, pluies de fleurs, et le RESTE. En attendant je vous sacrifie de bonne grâce le beau soleil d’aujourd’hui parce qu’il ne me paraît pas possible que tu aies une minute à me donner avec la répétition, les ordres à faire exécuter et je m’y résigne sans murmurer en pensant que c’est dans l’intérêt de votre petite fête gastro-littéraire. Et puis je regarde ma belle L’IMAGE, ce qui me réjouit le cœur et les yeux et puis je vous aime et puis, et puis, et puis je veux que vous soyez heureux et tout le monde autour de vous. Telle est mon chic. Le chic des plumes de Barbet c’est d’être très mauvaises. J’en étrenne une exécrable si les autres lui ressemblent je ne lui en ferai pas mon compliment. Je vais lui écrire séance tenante pour le chocolat mais mon avis serait de renoncer à ce genre de commission qui ne réussit jamais bien, sauf votre respect, ce qui fait que je ne charge que moi du soin de vous aimer à fond.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 34
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « ébourriffant ».