Guernesey, 4 septembre 1859, dimanche matin, 8 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour encore plus tendrement, encore plus pieusement, encore plus saintement aujourd’hui que les autres jours. Bonjour pour toi au ciel et sur la terre ; bonjour à ta chère âme de là-haut et à ton pauvre cœur ici-bas. Bonjour les mains jointes et avec toute l’ardente prière de mon amour. J’ai déjà copié ta lettre au comité démocratique de Newcastle [1] ; j’ai tenu à faire cette copie en me levant pour être sûre de ne pas te la faire attendre. Cher adoré, je me suis aperçuea que ta fenêtre était ouverte avant six heures, je crains que tu n’aies pas bien dormi cette nuit. De plus, hier au soir à minuit, il y avait grande lumière dans la serre, est-ce qu’il serait arrivé quelque chose chez toi ? Dès que je remarque quelque chose d’irrégulier aux habitudes de ta maison, je crains tout de suite les accidents. Je serais bien heureuse si cette fois je m’étais trompée dans tous mes fâcheux pronostics. Aussi, mon cher bien-aimé, tu serais bien bon de venir ce matin me tirer tout à fait d’inquiétude. Jusque là, je vais t’aimer de toutes mes forces pour éloigner de toi et de ta maison toutes les mauvaises influences.
Mon bien-aimé, si tu vois le plus petit inconvénient à la réalisation de l’invitation de Mlle Allix pour mardi, dis-le sans scrupule parce que je n’ai pas d’autre plaisir que celui que tu as toi-même.
Juliette
Bnf, Mss, NAF 16380, f. 198
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « aperçu ».