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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 juillet [1844], mardi matin, 10 h.

Bonjour, mon petit Toto bien aimé, bonjour, mon cher petit homme chéri. Comment vas-tu ce matin ? Penses-tu à moi, mon amour ? M’aimes-tu ? Si tu fais tout cela, tu ne fais que de me rendre ce que je te donne à tous les instants de ma vie : mes pensées et mon amour. Quand te verrai-je, mon Toto ? Je voudrais que ce fût tout de suite ; cela dépend de toi car je sais que le mauvais temps ne t’empêche pas de sortir, donc, si tu voulais venir chez moi au lieu de me tourner les talons, tu le pourrais très bien.
J’ai toujours très mal à la gorge et à l’œil droit, cela ne m’inquiète pas autrement, mais cela me gêne beaucoup. Sans plaisanterie, je te demanderai un peu de ta pommadea [1] pour essayer si elle me fera du bien. Je vais avoir à TRAVAILLER [2] et je ne voudrais pas être arrêtée dans mon élan par un misérable bobo de rien du tout. Baise-moi, toi, et aime-moi si tu tiens à la vie et AUTRE. Je ne sais pas si c’est jovialité et bonheur chez Cocotte mais elle pousse d’affreux cris depuis qu’elle est revenue. Eulalie prétend que c’est de joie mais moi, je prétends que c’est de tristesse ; laquelle de nous a raison ? Dans tous les cas, je l’aimerais mieux au désespoir si cela pouvait lui imposer silence. Il n’y a rien de plus terrible à entendre que ces cris aigus sans cesse répétés. Cependant, je l’aime bien quand même avec cet affreux inconvénient. À propos de bête, pendant que j’y pense, il faut que je te prévienne que les chats ANGORAS ne prennent pas les souris. Pour ce genre de chasse, il faut un vrai chat de GOUTTIÈRE. Suzanne a appris cela des gens à qui elle avait demandé un chat pour toi. Je te donne cet avis pour que tu te tiennes sur tes gardes dans le cas où on voudrait t’en donner un de l’espèce angora. Sur ce, baisez-moi, mon Toto, aimez-moi. Je vous le rendrai bien.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 267-268
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « pomade ».

Notes

[1Juliette a conseillé à Hugo une pommade pour les yeux.

[2C’est-à-dire à copier des manuscrits de Hugo.

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