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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 juin 1844

17 juin [1844], lundi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon Toto bien aimé, bonjour, mon petit homme adoré. Bonjour, comment vas-tu ce matin ? Penses-tu à moi ? Me plains-tu et me regrettes-tu ? J’ai passé une nuit fort agitée, je me suis presque levée comme je m’étais couchée ; aussi, ce matin je suis rompue. Pour me délasser je viens de faire mon lit parce que Suzanne n’est pas encore assez forte pour tourner les matelas [1]. Tout à l’heure, je déjeunerai et je m’habillerai parce que je veux être prête à tout faire dans le cas où vous auriez la RIDICULE envie de me faire sortir. Voici Eulalie qui vient de la halle et qui n’a trouvé aucune lavande ; la saison n’en est pas encore venue. Je continue à être infestée de papillons à vers ce qui ne m’arrange qu’à demia car, si ces hideuses bêtes se mettaient dans le crin et dans la laine, tout serait perdu chez moi. Aussi, je fais une chasse à courre tous les matins. Je vous aime, Toto, je t’aime mon Victor chéri. Cette pensée est au commencement, au milieu et au bout de toute chose. Je t’aime, je t’aime. Mme Luthereau aura été bien contente de la lettre de M. Leclerc [2] hier et moi je t’en remercie du fond du cœur. Je baise tes belles petites mains.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 159-160
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « demie ».


17 juin [1844], lundi après-midi, 3 h. ¼

Je m’étais dépêchée à m’habiller, espérant que peut-être tu viendrais, mais je me suis trompée ; ce n’est pas encourageant pour une autre foisa. Il fait pourtant bien beau et je t’aime pourtant de toutes mes forces. Tout cela n’y fait rien, tu n’en viendras pas une minute plus vite. Peut-être même ne viendras-tu pas du tout… Et il faut que je sois gaie avec tout cela et que je me trouve la plus heureuse et la mieux partagée de toutes les femmes. J’ai beau y mettre toute la bonne volonté dont je suis capable, je n’arrive pas à me faire cette douce illusion. Enfin, puisque tu le crois, toi, c’est tout ce qu’il faut ; ma conviction viendra quand elle pourra.
J’ai là une lettre de Mme Luthereau pour te remercier probablement de ce que tu as fait pour elle [3]. Pauvre amour, c’est bien vrai que tu es bon. Mon Dieu, je te rends bien cette justice. Tu es le plus beau, le plus doux, le meilleur et le plus charmant des hommes. Seulement, je t’aime trop : voilà ton seul défaut. Que fais-tu, mon Toto, que tu ne viens pas ? Ordinairement, tu viens baigner tes beaux yeux de midi à une heure. Est-ce parce que je me suis habillée que tu n’es pas venu ? J’ai souvent cette crainte, c’est ce qui me donne peu de goût pour m’arranger parce que je remarque que, loin de me servir, cela me nuit.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 161-162
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « autrefois ».

Notes

[1La domestique Suzanne a été très malade pendant plusieurs jours.

[2À élucider.

[3À élucider.

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