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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 mars 1837

4 mars [1837], samedi matin, 11 h. ¾

Jour mon cher petit Noto [1]. Je vous aime de tout mon cœur. Avez-vous bien dormi cette nuit, mon petit homme ? Moi très bien, je vous aime.
J’ai le reçu des 67 F. Maintenant nous allons être bien économes et bien raisonnables d’ici à très longtemps.
J’espère mon petit homme que vous ne me cachez aucune lettre et que si votre mascarade vous écrit de nouveau, vous me montrerez la lettre, même avant de la décacheter, ce que vous faisiez autrefois et que vous ne faites plus maintenant, et dont je prendrai acte pour en faire autant, car vous savez mon système, donnant donnant.
Jour, jour, vous que j’aime comme une folle, aimez-moi un peu aussi vous, afina que je ne sois pas seule à faire d’amour.
Je vais vous envoyer la fameuse surprise. Ne la refusez donc aucun cas, vous me feriez la plus grande peine et vous connaissez mon procédé lorsque vous me refusez ? la fenêtre ou le feu, ainsi choisissez de ces deux expédients : prendre sans me dire merci, ou refuser pour voir tordre le cou aux [Chinois  ?]. Mon intention est de vous l’envoyer par un commissionnaire qui la remettra à votre bonne sans dire autre chose que ceci : voici ce que Mr a acheté hier. Votre rôle ensuite est très facile aprèsb ce que je vous ai dit hier dans ma lettre. Il est vrai que vous ne l’aurez pas lue, mais votre intelligence suppléera facilement à ce manque de renseignements.
Je t’aime, je t’adore, je t’aime encore et puis je t’adore encore et puis je t’attends pour te baiser.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 233-234
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « à fin ».
b) « à près ».


4 mars [1837], samedi après midi, 3 h. ¼

Je vous attends, mon cher amour, avec toutes sortes de bonnes tendresses. Il ne me paraît pas que vous vous pressiez beaucoup, mais peut être travaillez-vous et dans ce cas là, je comprends que vous oubliez tout le monde et moi toute la première. Je sais que mon commissionnaire a très bien fait ma commission.
J’espère que vous ne vous croirez pas obligé de me faire le plus grand chagrin en me refusant, sous prétexte de je ne sais quelle délicatesse absurde qui n’a pas le sens commun, dans tous les cas je vous préviens que je suis décidée en agir avec les Chinois comme avec certaine bourse, vous comprenez ?
Ainsi ne faites pas la bête et surtout ne me faites pas le plus grand chagrin du monde en me refusant.
Jour petit Noto [2]. Il fait un froid de loup, je tremble et je grelotte en vous attendant quoique j’aie un très bon feu dans ma cheminée. Je compte sur vous pour me réchauffer, en attendant je pense à vous, je vous désire, je vous aime et je vous adore.
Mon bon petit Toto, pense un peu à moi, viens le plutôt possible et aime moi un peu si tu peux, je t’assure que je le mérite bien. Je suis un peu souffrante, mais je sais à quoi attribuer mon mal et je ne m’en occupe pas autrement. Et puis il est certain qu’aussitôt que je te verrai, je ne sentirai plus rien que ma joie, jour Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 235-236
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Variante de « Toto ».

[2Variante de « Toto ».

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