Mercredi, 8 h. du soir
Il faut que tu travailles beaucoup puisque tu n’es pas venu une seule petite fois m’embrasser et me donner du courage. Je suis toujours souffrante. J’ai essayé de me lever, cela ne m’a pas réussi. Je vais essayer de me coucher pour voir si je viendrai plus à bout de calmer les atroces douleurs que j’ai dans tout le corps.
Je tâche de me consoler de ton absence par la pensée qu’étant malade et maussade, tu ne serais pas bien heureux auprès de moi. Toutes ces consolations-là ne me consolent pas du tout. Je t’aime, j’ai besoin de te voir à toute heure, en tout temps, gaie ou triste, gaillarde ou mouzon.
Je ne peux plus tenir assisea, le cœur me tourne et la tête aussi. J’ai cependant mille tendressesb à te dire, mille caresses à te donner.
Juliette
[Adresse :] :
À toi mon bien-aimé
BnF, Mss, NAF 16324, f. 158-159
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « assisse ».
b) « tendresse ».