Guernesey, 11 mars 1859, vendredi, 8 h du m[atin]
Bonjour, mon cher bien-aimé. As-tu mieux dormi cette nuit que l’autre, mon pauvre doux adoré ? J’espère que oui. Mais en attendant, je ne peux pas m’empêcher de tourner des regards inquiets dans la direction de ton lucoot . À mon tour, mon cher petit homme, de vous renvoyer le reproche de ne pas sortir et de ne pas marcher assez. Aussi, aujourd’hui je saisis l’occasion aux cheveux de Mme Terrier et je vous emmène à travers choux jusque chez elle. De là, si les jambes vous en disent et surtout si je ne vous gêne pas trop dans votre chien de travail, nous irons dire un petit bonjour aux charmants petits sentiers de notre connaissance et mettre notre carte de visite chez toutes les dames margueritesa et toutes les demoiselles violettes que nous rencontrerons sur notre route. Cela vous va-t-il, mon maître ? Oui. Et bien tant mieux ! J’en suis bien aise et je vais me dépêcher de faire toutes mes affaires pour être prête de bonne heure. En attendant, je vous baise à tous les vents et dans tous les rayons d’un bon petit soleil de saison.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 66
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « marguerrittes ».