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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 avril 1843, jeudi matin, 11 h. ½

Bonjour mon cher Toto bien-aimé, bonjour mon adoré, bonjour je t’aime, je t’aime, je t’aime. Comment vas-tu mon pauvre petit homme ? Est-ce que tu n’as pas pris un peu de repos cette nuit ? Je n’ose pas penser à cela, mon pauvre petit Toto, car j’éprouve comme du remords d’en être la cause. Je t’ai écrit hier pour te prier de me laisser vendre quelque chose. Tu serais bien bon et bien gentil d’y consentir. Quand tu viendras je t’en parlerai, chose que je n’ai pas osé faire avant de t’en avoir prévenu par lettre.
Donne-t-on les Burgraves ce soir ? Je crains que le retard dans l’envoi des billets ne cache quelque pied de … Beauvallet pour ce soir. Je me trompe peut-être et je le désire de tout mon cœur. Le temps continue à être favorable pour le spectacle. Il serait bon que les Burgraves en profitent à leur tour après avoir subi les chaleurs, les comètes [1], les tremblements de terre, le National et le Constitutionnel du mois de mars.
Je voudrais bien aller ce soir aux Burgraves si on les donne mais je voudrais y aller sérieusement pour les voir et non pour assister à une scène ou deux. Tu serais bien gentil de venir me chercher de bonne heure. À propos, j’ai oublié de te demander si tu souperais ce soir ? À tout événement j’ai fait acheter des asperges. Si tu venais tout à l’heure, comme je l’espère, tu me dirais cela au juste et je ferai acheter de la viande.
Jour Toto, jour mon cher petit o, je vous aime de toute mon âme. Baisez-moi bien vite et ne vous en allez pas. Je vous le défends.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 69-70
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette


27 avril 1843, jeudi après-midi, 3 h. ½

Je pensais que tu viendrais en allant à l’Académie, mon Toto, car il y a Académie le jeudi n’est-ce pas ? J’espérais que tu monterais me voir une petite goutte. J’espère encore car l’heure n’est pas très avancée d’ailleurs, j’ai tellement besoin de te voir que j’espère toujours pour ne pas désespérer.
J’ai taillé mes plumes, tu ne t’en aperçois peut-être pas, cependant elles sont excellentes et mériteraient l’honneur de vous servir, quant à moi, c’est un peu peine perdue que de me donner des bonnes plumes parce que je ne sais m’en servir ni d’une façon ni de l’autre.
Je te disais, mon Toto, que sur les 80 F destinés au Mont-de-piété j’ai fait rentrer [5…9…  ?] ce qui m’a été fort agréable. J’ai mis 5 [illis.] de côté pour la blanchisseuse de dentelle, j’ai payé toutes mes dépenses et une partie de celles de demain et il me reste 30 [illis.] net. J’aurai certainement assez, et j’espère au-delà, pour finir mon mois.
Le temps continue à être favorable aux Burgraves mais je ne sais pas pourquoi je crains quelques entraves pour ce soir. Je voudrais te voir pour être sûre qu’il n’y a pas d’anicroches, et surtout pour vous baiser sur toutes les coutures. Vous ne saurez jamais combien je vous aime, mon cher petit bien aimé. Pensez à moi et tâchez de venir. Vous me ferez tant de joie que vous ne serez pas excusable si vous ne venez pas bien vite. En attendant, je vous adore plus fort que jamais.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16352, f. 71-72
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le passage de la comète de Halley avait fait attraction.

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