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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 20 juillet 1860, vendredi matin, 6 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour, dans un baiser et dans un sourire ; bonjour dans un rayon sur la terre et avec l’espérance au ciel ; bonjour, je te bénis. Je te remercie de m’avoir sacrifié hier la visite inattenduea de M. Malot [1]. J’ai compris tout ce qu’il y avait de délicat et de généreux à toi à ne pas m’ôter cette suprême joie que j’attends avec toutes les impatiences de mon cœur de huit jours en huit jours. Cependant, mon adoré bien-aimé, je me serais résignée à ce sacrifice si tu l’avais cru absolument nécessaire mais je suis bien heureuse et bien reconnaissante de n’avoir pas eu à te donner cette marque triste de mon dévouement et de ma déférence pour toutes les exigences de ta position. Dieu merci tu m’as épargné cet acte de courage plus difficile à faire pour moi que tu ne peux le supposer. Merci, mon adoré. Merci encore de te mettre en travers d’une petite obsession de galanterie dévouée de la part de pauvres photographes qui s’imaginent à tort te faire plaisir en voulant me plonger dans des chimies dont la plus grande vertu est de vous vieillir, hélas ! J’aurais pu peut-être me laisser aller à consentir à cette imprudence si tu l’avais désiré mais jamais au grand jamais je n’affronterai pour le plaisir des autres cette jouvence au rebours. Sois-en bien sûr, mon bien-aimé, et ne te préoccupeb pas de cet incident qui n’aura pas de suite, je t’en réponds. En attendant que je te baise en chair et en os je t’envoie tout ce que j’ai de plus tendre dans le cœur.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 190
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « inatendue ».
b) « préocupes ».

Notes

[1Hector Malot, arrivé la veille, vient rendre une visite d’une journée à Hugo, qui ne viendra pas pas voir Juliette le 20 juillet. Il lui écrit le jour même à 3 h. « Mon ange bien-aimé, je ne veux pas que tu sois triste ; je regardais tout à l’heure ta maison de ma fenêtre et je disais à Dieu : Mon Dieu, comment donc se fait-il qu’il y ait de la tristesse là où il y a tout mon bonheur ? Je ne comprends pas que tu ne sentes pas comme je t’aime. » (CFL, t. XII, p. 1337 et p. 1641)

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