Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1842 > Juin > 17

17 juin 1842

17 juin [1842], vendredi après-midi, 5 h. ½

Croirais-tu, mon pauvre amour, que je viens seulement de finir mes plus gros trous ? Je ne me suis cependant pas amusée et Claire enfilait mes aiguilles d’avance. Mais une fois qu’on met le nez dans les raccommodagesa, on n’en sort pas, voilà le fait. Il faut cependant que j’[essaie  ?] de me débarbouiller un peu aujourd’hui. Après, si je n’ai pas trop mal à la tête, je vous ferai votre bonnet. Cependant je ne vous le promets pas parce que j’ai bien mal à ma caboche. Si vous venez ce soir m’offrir votre bras, comme hier, je crois que je l’accepterai avec enthousiasme. J’ai un besoin d’air et de plaisir d’être avec vous que c’en est hideux. Baisez-moi Toto. Baisez-moi malgré vos maladies. Baisez-moi malgré tous vos squammes, baisez-moi malgré tous vos [illis.], baisez-moi vilain monstre. Je le dirai aux électeuses des quatre-vingt-six départements, et vous ne serez pas nommé nulle part à l’unanimité des voix. Faites-moi la cour [ce soir  ?] si vous voulez que je me taise et que je n’enlève pas les voiles qui couvrent vos turpitudes. Faites-moi des platitudes et donnez-moi du Ledon à chignon que veux-tu, si vous ne voulez pas que je vous perde de réputation auprès du beau sexe, choisissez entre ces moyens doux ou la peste de votre prestige aux yeux de la plus belle moitié du genre humain. En attendant, pensez à moi, mon cher petit homme et aimez-moi mon cher petit bijou. Vous savez si je pense à vous toujours moi et si je vous aime de toute mon âme.
Tâchez de ne pas être trop longtemps sans venir. J’ai besoin de vous voir tout de suite pour vous baiser et pour savoir des nouvelles du cher petit garçon [1].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 149-150
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « racommodages ».

Notes

[1François-Victor, fils de Victor Hugo, se remet d’une maladie.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne