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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 juin [1842], jeudi matin, 9 h. ¾

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour, mon amour chéri. Comment vas-tu, comment va le petit garçon [1] et comment m’aimes-tu ce matin ? Trois demandes dont je voudrais bien que les réponses ne se fissent pas attendre. Je sais déjà, par le désir que j’en ai, que notre petit garçon va mieux et que tu te portes bien. Le bon Dieu n’a pas le droit de me tromper. Pour l’autre chose, c’est différent, il n’y a que vous seul qui la sachiez, c’est à vous de répondre et à moi de raiguiser mon grand couteau si votre réponse ne me convient pas. En attendant, je vous ATTENDS et je vous aime comme une dératée que je ne suis pas. Bonjour Monsieur Cogniard, bonjour Monsieur …..a Trinquefort [2]. Bonjour, bonjour, vous ne vous mouchez pas les pieds mais vous buvez dans votre perruque. Je ne vous en fais pas mes très respectueux compliments car il n’y a pas de quoi. J’espère que vous n’aurez pas la scélératesse d’influencer David [3] à l’endroit de Colar ? Ce serait plus qu’une mauvaise action, ce serait presque un crime car j’ai le plus grand besoin d’avoir un buste de vous qui soit plus ressemblant que celui que je regarde dans ce moment-ci. Laissez-le mettre tout le laurier qu’il voudra mais ne l’empêchez pas de le faire réduire par la machine Colar ou je vous tue et lui aussi. Sérieusement mon Toto chéri, tu me dois un portrait ressemblant, ne laisse donc pas s’échapper, par ta faute, cette unique occasion. D’ailleurs le laurier ne te regarde pas, il y a déjà longtemps que le bon Dieu t’a couronné d’une plus lumineuse couronne que toutes celles que les peintres et les sculpteurs n’en pourraient faire. Ainsi ça ne te regarde pas et laisse-moi avoir un petit buste ressemblant. Je t’en prie à genoux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 123-124
Transcription d’Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) Les points courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1François-Victor Hugo se remet d’une maladie.

[2À identifier.

[3David d’Angers avait sculpté le buste de Victor Hugo en 1838.

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