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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 mai 1842

26 mai [1842], jeudi matin, 9 h. ¼

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon Toto chéri, comment vont tes beaux yeux, mon amour ? Comment va toute ta chère petite santé ? Bien je l’espère car le petit accident d’hier ne peut pas avoir de suites sérieuses et j’espère que tu auras eu pitié de tes pauvres yeux adorés et que tu auras pris un peu de repos. Ne t’inquiète pas mon cher petit homme de ce petit accès de toux survenu à notre cher petit garçon, il suffit d’un petit refroidissement pour l’occasionner sans que cela ait de gravité. La sécurité de M. Louis doit te rassurer puisque tu sais combien il est attentif, minutieux et sérieux pour tous ses malades. Sois donc tranquille, mon amour, il n’y a aucun danger pour notre cher petit bien-aimé. Je le sens dans mon cœur comme si le bon Dieu me l’avait dit lui-même. Une chose qui me préoccupe et m’attriste, c’est toi mon Toto chéri, toutes tes nuits passées sans sommeil, toutes tes journées passés sans repos t’allument le sang et peuvent te donner une maladie sérieuse. Déjà cette petite éruption, tes yeux plus fatigués et enfin ce petit bobo d’hier attestent que tu as le sang échauffé et qu’il te faudrait du calme et du repos. D’un autre côté la nécessité de gagner la vie à tout le monde te force à un affreux travail de tous les moments, je sais cela et j’ai peur de ce qui arrivera infailliblement si tu n’y prends pas garde. Mon Toto chéri, mon Toto bien-aimé, mon Toto adoré, prends quelque repos, je t’en prie, nous avons encore quelques ressources, pourquoi ne pas les employer en attendant ? Je t’en prie, je t’en prie mon adoré.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 77-78
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette


26 mai [1842], jeudi après-midi, 3 h. ¾

Que dis-tu de ce nouveau charme qui m’arrive aujourd’hui, mon amour ? Rien parce que tu es avant tout un bon et galant petit homme, mais tu n’en penses pas moins que je suis de plus en plus une horrible vieille femme et tu as raison. Le jour où cela te deviendra trop odieux et trop insupportable, mon adoré, je te délivrerai d’un seul coup de ma carcasse et de ce qui est dedans. En attendant, mon cher bien-aimé, laisse-moi redoubler d’efforts pour arrêter les progrès de ma vétusté précoce. Qu’il ne soit pas dit que j’ai quitté lâchement la partie sans combattre. Dès que tu le pourras, mon amour, tu me mèneras avec Claire chez le dentiste. Mon Dieu, mon amour chéri, que vous êtes beau et jeune et charmant et combien je vous envie. Je voudrais avoir votre secret en toussant les trois quarts de ce qui me reste à vivre pour redevenir ce que vous êtes maintenant. Hélas, mon cher bien-aimé, le bon Dieu n’est pas juste de me donner tant d’amour et si peu de charme pour le faire passer de mon cœur dans le tien. Je suis vraiment très malheureuse et je ne dis pas encore tout ce que j’en pense pour ne pas t’effrayer. Jour Toto, jour mon cher petit o. Je sais bien qui est-ce qui fera une fameuse culbute au bout du fossé dès que vous ne l’aimereza plus. En attendant vive la joie et mon Toto chéri que j’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 79-80
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « aimerais ».

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