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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 mai 1842

25 mai [1842], mercredi soir, 7 h. ½

Oui, mon adoré, vous êtes bon, oui vous êtes beau, oui vous êtes noble et généreux, oui, oui vous êtes mon Victor bien-aimé que je baise et que j’adore. Vous ne savez pas, mon pauvre amour, avec quelle reconnaissance, quelle admiration et quelle adoration je parle de vous. Tu ne sais pas, mon Victor chéri, combien je t’aime et combien tu es toute ma joie et tout mon bonheur. J’ai cru que tu venais me chercher pour aller dîner aux Marronniers [1]. Voime, voime, prends garde de le perdre que je l’ai cru. Je sais très bien que tu n’es pas un scélérat d’homme à vous faire de ces douleurs-là. Aussi je suis restée bien tranquille sur ma chaise sans me faire la moindre émotion. Cependant je ne veux pas être ingrate ni injuste envers vous, mon pauvre amour, vous avez été la bonté, la complaisance et la douceur même aujourd’hui. C’est moi seule qui suis une vieille gouliaffe et une vieille insatiable. Envoyez-moi promener et vous ferez bien ; vous en avez le droit après l’excursion de tantôt vous pouvez me laisser trois mois dans ma souricière, même sans le plus petit morceau de lard, vous êtes dans votre droit et je n’ai pas le plus petit cri à jeter. Mais vous ne le ferez pas parce que vous êtes un pauvre petit homme bien ravissant et qui aimez un peu votre pauvre Juju. Je sais bien que dès que vous le pourrez, vous me conduirez encore sur la montagne et que vous serez bien bon et bien patient comme aujourd’hui. Vous voyez, mon cher petit bien-aimé, que je vous connais bien et que je sais bien apprécier tout ce que vous avez d’[ineffable ?] et de charmant. Vous savez aussi combien et comment je vous aime, mon Toto adoré, de toute mon âme et de tout mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 75-76
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Les Marronniers était un restaurant réputé de Bercy.

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