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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 mai 1842

21 mai [1842], samedi matin, 9 h. ½

Bonjour mon Toto chéri ; bonjour mon amour adoré ; bonjour, bonjour tu n’as pas voulu me donner la joie d’avoir ta bonne petite lettre aujourd’hui, j’espérais, qui saita, que tu voulais me faire la surprise de venir en chair et en os me trouver ce matin dans mon lit mais je me suis trompée comme je me trompe chaque fois que je désire et que j’espère du bonheur. Cependant mon Toto j’étais très femme à supporter deux jours de joie. Tu ne l’as pas voulu, tu sais ce que tu fais et moi je sais ce que je renfonce de plainte et de regret pour ne pas t’ennuyer. D’ailleurs tant qu’il me reste une lueur d’espoir je ne me décourage pas. J’espère que demain tu me donneras tout à la fois : ta lettre et ta personne adorée. Quel Bonheur !!!!!b Que dis-tu de notre Charlot ? J’espère qu’il se lance de bonne heure dans les faumes. Ce pauvre petit ne va pas le grogner car il n’y a rien que de très innocent dans sa conquête de dimanche. Tout ce que je t’en ai dit d’ailleurs le prouve parfaitement. Ma Clairette est toujours consternée de n’avoir pas de pantouflesc et la Suzanne m’a donné un étui magnifique. Voilà jusqu’à présent où en sont les choses. M’aimes-tu mon Toto ? M’aimes-tu autant qu’autrefois ? Si tu savais combien c’est une idée fixe chez moi que tu ne m’aimes plus, tu aurais pitié de moi et tu me donnerais toutes les preuves d’amour qui sont en ton pouvoir et après lesquelles tu ne me faisais pas attendre autrefois. Je t’aime moi mon Victor bien-aimé je t’aime autant et plus que jamais, je ne suis occupée que de toi, je ne vis que par toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 63-64
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « c’est »
b) Les cinq points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.
c) « pantouffles »


21 mai [1842], samedi matin, 9 h. ½

Bonjour mon bien-aimé, bonjour mon Toto chéri. Je t’aime. J’aurais voulu t’embrasser en chair et en os pour la veille de ma fête mais tu ne l’as pas voulu de sorte que je suis forcée de manger ma fête à la fumée.

[21 mai 1842], samedi soir, 10 h. ¼

Puisque vous le voulez, mon amour, je vous redonne ce morceau de papier avec son idée tronquée gribouillée au milieu, vous vous l’expliquerez d’ailleurs en songeant que j’aurais pu être la plus heureuse des femmes ce matin si vous l’aviez voulu et que j’en ai été la plus triste et la plus désappointée jusqu’au moment où vous êtes revenu si gentiment m’embrasser et me demander pardon à la façon de Dédé mon amie ; depuis ce moment je suis moins malheureuse et j’ai commencé à jeter un coup d’œil sur mes bouquets que je n’avais pas encore regardés quoique je les eusses sous les yeux. Enfin mon pauvre bien-aimé adoré, j’attends encore mon VRAI bouquet de MA VRAIE FÊTE [1], nous verrons si vous me l’apporterez cette nuit.
Vous avez été le plus drôle et le plus amusant des hommes tantôt avec votre histoire d’Elleviou [2], d’oie, de chanteur. Une trinité dans un seul être stupide, mais mon amour vous faisiez du Jacquemin devant une Guirard et elle n’y a rien compris [3], sinon que vous étiez le plus bête de tous les académiciens. Heureusement que la mère Lanvin est venue danser avec sa fille sans cela je me serais fort peu amusée avec cette pauvre huître frisée, la mère Triger est arrivée à neuf heures avec un pot de giroflier et trois petites tasses pareilles auxa trois de l’année dernière mais ce que je veux c’est toi, ce que je désire c’est toi. Mon bouquet c’est ta [illis.], ma fête c’est ton amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16349, f. 65-66
Transcription de Ophélie Marien assistée de Florence Naugrette

a) « au »

Notes

[1Le 21 mai est sa fête patronale, la Sainte Julie.

[2Le chanteur lyrique et comédien Jean Elleviou (1769-1842) venait de mourir d’apoplexie le 5 mai, dans les locaux du journal Le Charivari. On ne sait quelle histoire plaisante Hugo a racontée à Juliette Drouet.

[3À élucider.

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