31 mai 1872

Paris, 31 mai [18]72, vendredi matin, 8 h.

Bonjour, mon grand bien-aimé, puissent vos nombreuses bonnes fortunes vous avoir procuré une bonne nuit, c’est le vœu qu’ose exprimer votre très humble servante, servante dans toute l’acception de cet humble et servile mot. Je n’en rougis ni ne m’en vante, seulement je m’en fatigue jusqu’à épuisement complet de mes forces et de mon courage. Voilà ce que c’est que d’être une vieille bête de somme au lieu d’être une jeune cocotte. C’est bien fait et cela m’apprendra. Le temps continue d’être favorable à Ruy Blas qui pourrait se passer de sa protection, si ce n’est que ce qui abonde ne vicie pas, surtout quand il s’agit de recette. Donc plein de bravos et de louis d’or sur le Danaé littéraire aimé du public Jupiter. Je te prierai de dire à Suzanne quand elle te portera ton déjeuner si tu penses avoir d’autres convives que Frédérix et Eune et à quelle heure tu veux dîner ce soir. En attendant ta réponse, je m’en tiens au nombre six… élastique et je t’aime par A plus B.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 151
Transcription de Guy Rosa