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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 décembre [1839], samedi matin, 11 h. ½a

Bonjour, mon cher petit prometteur. Bonjour le plus blagueur de l’univers. Bonjour, bonjour. J’ai encore passé une nuit blanche, je suis éreintée de fatigue et rien n’est encore arrivé si ce n’est le mal de tête qui est à son poste. Il paraît en outre que pendant que la bonne était chez Mme Triger à prendre le fameux vinaigre, les tapissiers sont venus apporter le tapis de la salle à manger et qu’ils ont dit qu’ils reviendraient à midi. Ceci me contrarie car je ne sais que faire. Le tapis est arrangé tout prêt mais la salle à manger ne l’est pas. D’un autre côté, l’argent de la pose du tapis peut se regagner par l’absence de frottage. Justement les voici. Que faire ? Ma foi, au petit bonheur, non c’est la marchande de volaille. Je ne sais vraiment pas ce que je ferai. Renvoyer les tapissiers, c’est s’exposer à me faire payer au moins la moitié de la pose du tapis pour les allées et venues. Enfin, si vous étiez venu tout ça n’arriverait pas et vous me donneriez un bon conseil qui vaudrait mieux que deux. Je vais me dépêcher toujours de faire ta tisaneb et de me débarbouiller toute prête dans le cas où tu viendrais me chercher pour les fameuses visites mais je crois que ce sera de la précaution de perdue. Baisez-moi, Toto. Mon Dieu, que je vous aime et que vous ne le méritez pas. Pensez à revenir bientôt. Je vous aime, je souffre beaucoup du cœur et de la tête et il ne faut pas que je meure sans vous avoir dit encore combien je vous aime. Je ne ris pas, mon Toto, mon cœur me fait plus mal que jamais et j’ai besoin de te voir de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 185-186
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) L’heure est inscrite sous la date.
b) « tisanne ».


21 décembre [1839], samedi, 4 h.

Eh bien, mon Toto, où en sommes-nous de vos belles promesses ? Le déjeuner, les visites, l’armoire etc. etc. o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, o, oa. Au reste je m’y attendais : je fais très peu de fond sur toutes les bonnes choses que tu me promets et bien m’en prend car je serais souvent mystifiée tandis que je ne suis qu’à moitié attapéeb. Je sais aussi que ce n’est pas ta faute et je ne t’en veux pas. Je viens d’écrire à M. Dabat pour le presser à l’endroit de la première paire de bottes et pour lui en commander tout de suite une autre ; en même temps je lui fais savoir que les deux dernières ne se sont pas trouvées bonnes. J’ai congédié tantôt le tapissier. Je n’ai pas voulu prendre sur moi de faire poser ce tapis fraîchement arrangé dans une pièce où il n’y a rien pour meubler. Il me semble qu’il vaut mieux attendre qu’on puisse tout faire à la fois à fin qu’il y ait un peu plus d’harmonie dans l’ensemble. Au reste, si tu diffères d’avis, il sera temps d’écrire à Jourdain pour le faire poser tout de suite. Mes règles ne viennent toujours pas et je souffre toujours beaucoup. Je ne sais pas ce que ça veut dire mais je [illis.] [illis.] patraque. J’ai envoyé acheter tes peignes et ton [savon  ?]. Le tout, en marchandant bien, coûte 2 francs 10 sous, le peigne à dos d’âne coûte moins cher que ceux tout droit, pourquoi ? Je ne sais et cela importe peu. Je t’ai pris le meilleur marché ainsi que nous en étions convenus. Baise-moi, mon Toto, aime-moi car je le mérite bien pour le courage, la résignation et l’amour sans borne que je te donne.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 187-188
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) Les vingt-sept lettres occupent toute une ligne.
b) « attrappée ».

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