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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 décembre [1836], jeudi midi

Bonjour, toi que j’aime, si tu veux ma pensée, elle est à toi ; si tu veux ma vie, elle est à toi ; si tu veux mon âme, elle est à toi ; et tu ne voudrais rien de ce que je t’offre que ce serait encore à toi, toujours à toi, parce que je ne peux pas m’empêcher de t’appartenir toute entière.
Ah ça, vous savez que notre marché tient toujours ? NORMAND QUI S’EN DÉFEND. D’abord, moi, j’ai besoin de beaucoup d’argent d’ici au jour de L’AN dont je NE DEVRAI AUCUN COMPTE, aussi je me VENDSb et pas trop cher comme vous pouvez en juger. Je crois même que j’y PERDS.
Dieu, quel affreux temps, c’est à peine si j’y vois pour t’écrire. Il n’y a pas moyen d’aller au bois de ce temps là avec toute la bonne volonté possible.
J’ai envoyéa chercher ma robe. Elle me paraît bien arrangée, ainsi que mon mantelet, mais j’ai besoin d’ESSAYER tout cela pour en être sûre.
Mon cher petit homme comme je viens d’épuiser tout MON ESPRIT, vous trouverez bon que je me serve de mon cœur pour finir la lettre, parce que lui, il est inépuisable et vous aime sans fin, il vous aime en tout temps et tous lieux, il vous aime de toutes les afflictions à la fois, ce qui exclut la MONOTONIE, enfin il met ma bouche à vos pieds et sur vos pieds par amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 263-264
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « envoyer ».
b) « vend ».


22 décembre [1836], jeudi soir, 4 h. ¼

Mon cher petit homme, je vous soupçonne d’avoir été sournoisement à la réception de M. Guizot [1]. S’il était vrai, je vous MAUDIRAIS ! Et puis je vous donnerais d’autant des coups que vous avez de cheveux BLANCS sur votre vieux crâne, en supposant que je vive assez longtemps pour cela. Si vous n’êtes pas, comme je le crois, à cette réception, d’où vient que vous n’êtes pas venu me faire prendre un peu l’air pour m’empêcher d’avoir mal à la tête tous les jours sans relâche ?
J’ai vu la propriétaire tout à l’heure, elle venait chercher le bail signé, elle prétend qu’il faut qu’il soit avant le 30 de ce mois. Je le lui ai promis, je vais écrire pour cela à Lanvin afin qu’il ait à venir le plus vite possible.
Je vous aime malgré tous les tours que vous me jouez tous les jours. Sur l’air LE BIEN-AIMÉ NE REVIENT PAS. Si vous continuez sur ce ton, je vous répondrai sur celui-ci : ÇA M’EST ÉGAL QUAND IL ARRIVE, ÇA NE ME FAIT RIEN QUAND IL S’EN VA. HA !
De cette façon nous serons parfaitement D’ACCORD, bête que vous êtes, de ne pas m’aimer mieux. VIELLE [2] BÊTE que je suis de vous aimer, tant il n’y a peu à dire. Il faut que je vous embrasse de toute mon âme, je ne peux pas faire autrement, ça m’étoufferait sans cela. À bientôt joli CANDIDAT [3].

BnF, Mss, NAF 16328, f. 265-266
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Ce jour-là, François Guizot est reçu à l’Académie Française au fauteuil 40 où il avait élu en avril, succédant au comte Destutt de Tracy. Le comte de Ségur répond à son discours.

[2L’erreur est volontaire.

[3Hugo est candidat à l’Académie Française, où il ne sera élu qu’en 1841.

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