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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 28 novembre 1860, mercredi après-midi, 3 h. ½

Où es-tu, mon cher bien-aimé, pour que mes tendresses aillent te trouver en ligne directe ? Je pense que tu es retenu chez toi par le mauvais temps ; et comme ta barbe est faite depuis ce matin, il n’y a aucune nécessité pour toi de sortir si ce n’est pour me trouver. C’est avec cette souriante expérience que je viens allumer mon feu et que j’attise ma restitus au risque de te griller tout vif. Du reste mon mal de tête tenait évidemment au mauvais temps car je sens qu’il diminue au fur et à mesure que la pluie tombe. Comme tu dois le penser je me prive d’aller chez Mme Patourel aujourd’hui. Je ne te demande même pas (ô prodige, ô discrétion, ô sagesse) ! à retourner chez Masters [1] et pourtant Dieu sait combien cette « saleté » me [illis.]. Mais quel bonheur te voilà ! Je finirai mon gribouillis ce soir.

7 h. ½

Je me hâte en effet de terminer mon doux rabâchage, mon cher petit homme, afin de le recommencer plus vite avec toi dans le cas où tu viendrais plus tôt que de coutume après ton dînera. Puis j’ai une vague idée que Mme Engelsonb viendra ce soir. Cette pensée me vient parce que je ne l’ai pas vue depuis samedi. Du reste je peux me tromper car cela n’a pas autrement d’importance. Je suis toute disposée à la bien recevoir quand il lui plairac de venir et je peux m’en passer très gaillardement. Voilà ma situation vis-à-vis de cette charmante femme clair de lune. J’espère que c’est la même chose pour toi, mon cher adoré, et je ne désire rien que t’aimer jusqu’à mon dernier soupir et t’adorer après de toute mon âme dans l’éternité.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 306
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « diner ».
b) « Enguelson ».
c) « plaîra ».

Notes

[1Masters est « encanteur », c’est-à-dire commissaire-priseur. Il loue un mobilier à Victor Hugo lorsqu’il emménage à Hauteville House. Hugo le lui rendra un semestre plus tard. (J.-M. Hovasse, Victor Hugo, Pendant l’exil I, ouvrage cité, p. 367-368.)

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