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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 5 novembre 1860, lundi, 1 h. après-midi

Je viens de copier ton admirable lettre aux Brésiliens, mon cher grand adoré, ainsi que l’épitaphe sur le pauvre Ribeyrolles [1]. Tout cela au milieu des allées et venues des ouvriers et du train-train domestique. J’espère que je n’ai rien omis car j’y ai apporté toute mon attention et je suis sûre de n’avoir rien gâté du manuscrit. Il n’en est pas de même de mon pouce droit dont j’ai enlevé la moitié de l’ongle dans le plus vif de la chair. Mais j’espère qu’il n’y paraîtra plus dans deux ou trois jours car il a beaucoup saigné et je porte un doigtier pour le protéger. Seulement je vous prie de ne pas me battre très fort pour ma maladresse. Une autre fois je tâcherai de ne pas me détériorera avec cette féroce ineptie. Mais en attendant je n’ai pas besoin que vous me fichiez des bons coups POUR M’APPRENDRE. Du reste je suis fort capable de m’en consoler et de me guérir en regardant mon beau tapis qui est décidément très joli. D’autant plus joli qu’il n’y a pas un pouce de perte pour les raccords grâce à mon AUSGUSTE présence tout le temps que l’opération de l’ajustement et du coupage a duré. Maintenant je crois qu’il serait d’une économie prévoyante, sage et bien entendueb d’en acheter [plusieurs mots illisibles] pareilles pour le racommodagec à venir car il ne faut pas se faire illusion sur la durée de ce genre de tapis comparé au tapis français. Ceci dit, mon cher petit homme, je vous saute au cou et je vous baise d’AUTOR et d’ACHAR [2] et je vous attends de cœur ferme.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 287
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « déterriorer ».
b) « entendu ».
c) « racommodages ».

Notes

[1Le 4 novembre 1860, Hugo écrit aux membres du Comité pour le monument de Ribeyrolles, mort de la fièvre jaune à Rio de Janeiro : « Vous êtes de nobles hommes, vous êtes une généreuse nation [...]. C’est au nom de la France que je vous glorifie. Ribeyrolles l’avait fait avant moi [...] c’est la rencontre des deux mondes sur le cercueil d’un proscrit ; c’est la main du Brésil qui serre la main de la France par-dessus les océans. » (CFL, t. XII, p. 1106.)

[2Expression fétiche de Charles Hugo, dont le sens est à élucider.

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