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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 18 octobre 1860, jeudi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon cher adoré, bonjour je t’aime et j’ai l’espoir de passer une bonne petite soirée avec toi aujourd’hui, ce qui fait que je me fiche complètement de la maussaderie du temps et de son ciel de papier gris. Je m’en fiche d’autant plus que je crois ton rhume tout à fait guéri. Puissent tous ces bons pressentiments n’être pas déçus par quelques méchantes réalités. En attendant que je m’assure par moi-même de l’état de ta santé, et des bonnes dispositions de ton esprit et de ton cœur, je fais vie qui dure ici dans mon petit coin sans avoir encore allumé de feu ni passé seulement un jupon tant je suis affairée à mettre mes petits plats dans mes grands pour ce soir. Je stimule le zèle de Suzarde à l’aide de son prodigieux stéréoscope en lui laissant croire que tout l’accroissement de son piffe est dû à l’admiration seule du photographe Auzou pour lui, piffe, et pour elle Ténéric [1]. Au moyen de ce puissant levier j’espère qu’elle nous fera un bon dîner dont nous nous licherons les barbes jusqu’aux oreilles. En attendant, je t’aime à cœur et à bouche que veux-tu ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16381, f. 273
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Surnom de Suzanne (par contrepèterie de « pic de Ténériffe » avec « pif de Ténéric », la moestique alcoolique ayant un nez raviné).

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